Méditerranée : Les requins et les raies sont souvent pêchés dans des zones protégées

 

Ils figurent parmi les espèces les plus en danger face à la surpêche. Les requins et les raies menacées en Méditerranée sont plus fréquemment attrapés dans les zones protégées que dans les zones non protégées. C’est ce qu’indique une étude publiée mardi dans la revue Nature Communications, et qui souligne le rôle des petits bateaux de pêche, qui compose 90 % de la flotte de pêche mondiale.

Des dizaines de pays ont interdit la pêche à grande échelle des espèces de requins et de raies menacées. Mais ces animaux sont bien souvent pris accidentellement dans les filets de bateaux à la recherche d’autres poissons.

Du simple au double selon les zones

Des chercheurs italiens ont voulu se faire une meilleure idée de l’état des espèces dans les zones partiellement protégées de la Méditerranée, qui autorisent de la pêche avec des restrictions. Pour ce faire, l’équipe a pris en photo les prises de bateaux à leur arrivée dans des ports, et créé une base de données couvrant des opérations de pêche de petite échelle sur 11 sites en France, en Italie, en Espagne, en Croatie, en Slovénie et en Grèce, afin de les analyser.

Les chercheurs ont ensuite utilisé des modèles statistiques pour montrer que les prises d’espèces menacées étaient plus élevées dans les zones partiellement protégées (517 spécimens) que dans les zones sans aucune protection (358). 24 espèces de requins et raies en risque d’extinction ont été prises. A la pesée, le poids des espèces de requins et de raies prises dans les zones partiellement protégées équivaut au double de celui des zones non protégées.

Dans les zones côtières

Une explication est sans doute que ces espèces préfèrent les eaux côtières, où la plupart des pêcheurs artisanaux préfèrent opérer. « La plupart des gens supposent que ce sont les gros chalutiers qui ont un impact sur la biodiversité, ce qui est vrai », reconnaît un coauteur de l’étude, Antonio Di Franco, du Sicily Marine Centre. Mais il y a « moins de recherches sur l’impact de la pêche à petite échelle », explique-t-il. « Nous ne connaissons pas l’activité des pêcheurs artisanaux, nous ne savons pas combien de filets ils utilisent réellement, ni où ils pêchent. »

Plus de 100 pays se sont engagés à porter à 30 % la superficie des océans protégés dans le monde d’ici à 2030. Pour Antonio Di Franco, les Etats pourraient équiper les petits bateaux de pêche de traceurs GPS et veiller à ce que les zones protégées soient reliées entre elles, ce qui permet aux espèces de changer plus facilement de région de vie.

Source: 20 minutes