Méditerranée : « Les déchets en mer, c’est de pire en pire », constate Anaëlle du Projet Azur, deux ans après sa première aventure

 

Samedi matin, sur la plage (dans les roches) de Coco Beach, une vingtaine de personnes étaient équipées de sac et de gants pour « dépolluer le littoral ». En plus de cette équipe « terrestre », Philomène le Lay, sous l’eau, et Solène Chevreuil, sur l’eau, chassaient également les déchets dans cet endroit très apprécié de Nice pour la beauté du paysage.

Ces deux « éco aventurières » sont parties de Menton la semaine dernière accompagnée d’Anaëlle Marot et vont longer la Méditerranée jusqu’à Marseille en kayak et à la nage puis à vélo jusqu’à Cerbères. Le but de ce périple du collectif Projet Azur ? Sensibiliser à la protection du cycle de l’eau avec des ramassages une fois par semaine dans les « villes étapes ».

« Si on asphyxie la mer de déchets, on s’asphyxie en même temps »

« J’ai trouvé un enjoliveur et un rétroviseur », s’exclame Viviane, bénévole de l’association Nice Plogging, présente pour aider les trois jeunes femmes. « Tu vas bientôt pouvoir faire une voiture », lui répond en riant Philomène. De son côté, elle a récupéré une espadrille et des chaussettes en plongeant. Mais ce qu’elle a retrouvé le plus, « ce sont les déchets de fin de soirée comme les mégots et les bouteilles de boissons alcoolisées », souffle cette illustratrice qui a déjà parcouru la Loire à la nage et à vélo. « J’ai eu du mal à enlever les capsules de bière accrochées sur les oursins », raconte-t-elle.

C’est à la suite du rapport du Giec mais aussi de « tous ces événements catastrophiques » qu’elle a vraiment décidé de se lancer dans l’aventure. Avec ces actions de science participative de cette troisième édition du Projet Azur en Méditerranée, elle sensibilise ainsi à « la surchauffe de l’eau », qui a dépassé cet été de 5 à 6 °C des normales de saison.

« En étant dans et sur l’eau, on sert aussi à la communauté scientifique à récolter des données, indique la nageuse du groupe. La faune et la flore marines sont des bio-indicateurs, eux aussi nous donnent l’état de la mer. On a alors déjà constaté qu’avec le réchauffement de la Méditerranée, il y a une prolifération de méduses mais il y a aussi des espèces, comme le barracuda qui peut se retrouver dans ces eaux plus chaudes et devenir un prédateur pour d’autres poissons ».

Solène Chevreuil, éco aventurière, a ramassé les déchets depuis son kayak
Solène Chevreuil, éco aventurière, a ramassé les déchets depuis son kayak – E. Martin / ANP / 20 Minutes

Elle ajoute : « On ne se rend pas compte à quel point la mer est le premier poumon de la planète et qu’il faut du temps pour la régénérer. Et si on l’asphyxie avec tous ces déchets, on s’asphyxie nous-même en même temps ». En effet, 80 % des déchets marins proviennent des activités à terre, comme l’a rappelé Guillaume de l’association Wings of the ocean « Mission Sud », également présente lors de l’événement et qui a dépollué pendant deux mois la Côte de Sète à Nice, pour trier ensuite ce qui a été ramassé et récolter des données.

« Il faut une vraie volonté politique pour que les choses changent »

Anaëlle Marot, qui était passée à Nice lors de la première édition du Projet Azur, fait un triste bilan : « C’est de pire en pire en termes de déchets. C’est fou puisqu’il y a de plus en plus de personnes qui ramassent et pourtant, il y a de plus en plus de déchets. Et tout ce qu’on retrouve, c’est ce qui est produit, poursuit-elle. La mer est simplement le reflet de la société de consommation. C’est alors un cri d’alarme qu’on fait. On n’a plus le temps là ! » Selon elle, « la prise de conscience, elle est là, mais il faut que ce soit une vraie volonté politique pour que les choses changent ».

« C’est super ce qu’ils font, commente Yannick, une habituée des lieux, en regardant les bénévoles trier les déchets à la fin du ramassage. On vient ici tous les jours depuis 35 ans et on fait comme eux, à notre échelle, pour que cet endroit reste beau ». Son amie Stella ajoute : « On ne supporte pas de le voir salit de cette manière. Ce spot, on le considère comme la prunelle de nos yeux. »

Au total, sur les 12.000 m² que représente la plage de Coco Beach, 37,4 kg de déchets ont été ramassés en deux heures dont 7.500 mégots.

Source: 20 minutes