« L’océan a besoin de l’économie bleue, une approche durable et respectueuse des écosystèmes »

 Accueillant le 5e Sommet du Bien commun à la Maison de l’Océan, à Paris, Robert Calcagno, directeur général de l’Institut océanographique, Fondation Albert Ier , Prince de Monaco, revient sur cette notion indispensable à l’équilibre de la planète, l’économie bleue.

Robert Calcagno –  Permettez-moi de rappeler que cette notion, différente de l’économie maritime (commerce, transport, pêche…) regroupe toutes les activités économiques qui s’appuient sur la mer avec une approche durable et respectueuse des écosystèmes, comme la culture des algues ou les énergies marines renouvelables… C’est autour de ce concept que se sont retrouvés, à Monaco, 1 800 participants venant de plus de 100 pays les 7 et 8 juin derniers pour le Blue Economy & Finance Forum (BEFF) , avec une vingtaine de chefs d’Etat – dont le président français Emmanuel Macron, les chefs de gouvernement, les membres de familles royales, et des centaines d’entrepreneurs et d’investisseurs.

 

Le secteur privé s’intéresse-t-il à la protection des océans ?

 

C’est précisément notre mission de faire comprendre que les Etats seuls ne suffiront pas à assurer la protection de l’océan. Et ce Forum a mobilisé essentiellement des entreprises afin de ne pas déboucher, comme les rencontres diplomatiques, sur des seules déclarations d’intentions. Nous avons ainsi identifié et recensé 25 milliards d’euros d’investissement déjà existants, auxquels s’ajoutent, grâce au BEFF, 8,7 milliards d’engagements financiers fermes d’ici à 2030. Et sur ce dernier montant, seuls 4 milliards sont issus de fonds d’origine publics. Cet événement a également permis le lancement de diverses initiatives et coalitions, à l’instar de « Business in Ocean », qui regroupe 80 entreprises – dont Veolia, Swen Capital Partners ou encore Engie – engagées à investir dans des solutions positives pour l’océan et l’intégration des risques et opportunités liés à l’océan dans leurs stratégies de développement.

 

Comment trouver de la rentabilité dans l’économie bleue ?

 

Nous sommes restés trop longtemps dans une logique néolithique d’exploitation des ressources marines . La pêche, censée nourrir l’humanité, a contribué à l’effondrement des stocks. L’aquaculture s’est développée, mais reste peu durable : elle dépend encore des farines de poissons sauvages. Il faut promouvoir une aquaculture multitrophique intégrée, permettant à plusieurs espèces de cohabiter dans un même cycle : poissons, coquillages, algues… La culture des algues, d’ailleurs, montre un fort potentiel économique et alimentaire, déjà très développé en Asie. Nous travaillons désormais à développer ces filières en Europe et en Amérique.

Le développement de l’énergie renouvelable est évidemment une nécessité. Mais la mise en place des éoliennes doit se faire en respectant la biodiversité marine, et pas seulement en identifiant les zones où les vents sont les plus puissants. L’économie maritime doit être avant tout respectueuse de l’océan. 

Source : Challenges