Les négociations climat se tendent avant le prochain grand sommet de l’ONU

A cinq mois de la COP27, les pourparlers qui ont eu lieu à Bonn n’ont débouché sur aucune avancée concrète sur le financement climatique pour les pays vulnérables, très affectés par le réchauffement.

Les vagues de chaleur extrême qui accablent en ce moment la France, l’Espagne, l’Italie et les Etats-Unis n’auront rien changé. Les délégations de nombreux pays en développement, présentes à Bonn en Allemagne pendant dix jours pour tenter d’obtenir une compensation pour les dommages causés par le changement climatique , sont reparties bredouille en fin de semaine dernière.

Cruciaux dans l’agenda annuel sur le climat, ces pourparlers servaient à préparer le prochain grand sommet de l’ONU sur la question, la COP27, prévue cette année en Egypte au mois de novembre. Il s’agissait pour les pays de voir comment il est possible de traduire en action les engagements pris lors de la COP26 de Glasgow.

« Pas un centime »

La revendication phare des pays les plus vulnérables, qui veulent la mise en place d’un nouveau mécanisme de financement des « pertes et dommages » liés au réchauffement qu’ils subissent déjà de plein fouet, est restée lettre morte. La question ne sera pas inscrite à l’ordre du jour officiel de la prochaine COP.

Ces nations en avaient déjà fait la demande à Glasgow , mais les pays riches avaient bloqué cette requête avant de trouver un compromis : la création d’un cadre de « dialogue » jusqu’en 2024 pour « discuter des modalités pour le financement ».

« Les pays développés ne veulent pas payer un centime », a déploré le directeur du Centre international à but non lucratif pour le changement climatique et le développement au Bangladesh, Saleemul Huq, cité par Bloomberg. « Ils nous donnent un [cadre de] dialogue et cela signifie parler, parler, parler sans action, ce n’est plus acceptable », s’agace-t-il.

Même amertume du côté de l’Alliance des petits Etats insulaires : « Nous sommes déçus par le manque de progrès, le rythme est trop lent, c’est trop peu, trop tard », a regretté son représentant interrogé par l’AFP.

Prendre le relais

La déception est forte également du côté des ONG. Le Réseau Action Climat, le plus grand regroupement mondial d’associations climat, n’a pas hésité à parler d’ « hypocrisie », jugeant que « l’Union européenne, la Suisse et les Etats-Unis ont constamment bloqué les progrès dans les discussions ».

Dans un communiqué, vendredi, la Commission européenne a rappelé que l’UE et d’autres pays développés reconnaissaient l’urgence de la question des pertes et dommages et s’étaient engagés à renforcer les arrangements existants.

Mais pour le directeur pour l’action climat à l’international du World Resources Institute, David Waskow, les dirigeants doivent « prendre le relais ». Les pays développés « réalisent maintenant que les voix appelant de concert pour trouver des solutions aux pertes et dommages ne font que s’intensifier », prévient-il.

Source: Les Echos