Les changements climatiques en Arctique dans l’œil de la photographe Julie Forgues

 

La photographe et professeure au département d’arts visuels de l’Université de Moncton, Julie Forgues, revient d’une résidence d’artiste dans l’archipel norvégien du Svalbard, dans le cercle de l’Arctique. Elle a pu constater les impacts des changements climatiques sur le paysage.

Une photo de montagne enneigées le long d'une étendue d'eau.

Un cliché de la photographe Julie Forgues.

PHOTO : JULIE FORGUES

Accompagnée d’une trentaine d’artistes, Julie Forgues a passé deux semaines de navigation à bord du voilier Antigua.

On est sur un bateau de trois-mâts qui était un ancien bateau de pêcheur qui a été transformé en bateau à voile, raconte-t-elle.

Voilier dans l'archipel du Svalbard.

Le voilier à trois mâts Antigua a été construit en 1957 à Thorne (Royaume-Uni) et a navigué comme navire de pêche dans ses premières années, jusqu’à ce qu’il soit acheté au début des années 1990 par des passionnés de grands voiliers néerlandais.

PHOTO : GRACIEUSETÉ: JULIE FORGUES

Julie Forgues avait déjà fait cette résidence d’artiste en pleine mer norvégienne il y a sept ans et souhaitait la refaire afin de prendre en photo les changements climatiques.

Notre but c’est de voir le territoire et de l’interpréter à notre façon, explique-t-elle.

 

Les scientifiques estiment que l’Arctique, dans son ensemble, se réchauffe trois fois plus vite (Nouvelle fenêtre) que la moyenne mondiale.

Au cours des 20 dernières années, la température de l’air au nord-est du Svalbard a augmenté de plus de cinq degrés Celsius.

Paysage du cercle de l'Arctique.

Julie Forgues a pu constater les impacts des changements climatiques sur le paysage.

PHOTO : GRACIEUSETÉ: JULIE FORGUES

En 2016, le voilier sur lequel était Julie Forgues avait navigué au nord de l’archipel. Cette fois, il s’est dirigé au sud et à l’est, permettant à la photographe de prendre des clichés de nouveaux paysages.

 

Une expérience révélatrice

 

À Svalbard, il n’y a pas de peuples autochtones. Territoire norvégien autonome et démilitarisé, c’est la culture coloniale qui a façonné ce qu’est devenu l’archipel. La population y est d’un peu moins de 3000 âmes et plusieurs n’y sont que de passage.

En 2016, j’avais une idée très utopique de l’archipel. Une des choses qui m’a vraiment marqué c’est le montant de plastique qu’on voit à Svalbard, dit Julie Forgues.

Sur les rives et dans l’eau, il y a une façon très clair de voir l’impact de l’homme sur la nature. On sait que ce n’est pas le plastique qui vient du Svalbard.

Un paysage de l'Arctique.

Julie Forgues a eu la visite de mammifères marins lors du voyage : « La mer était comme un miroir et il y a une centaine de bélugas qui est venue tourner à l’entour », se souvient-elle.

PHOTO : GRACIEUSETÉ: JULIE FORGUES

Ce nouveau voyage, elle l’a fait dans le calme, moins nerveuse à faire face aux catastrophes environnementales. L’Arctique change l’âme. Je crois que tous les gens qui vont en Arctique, ça vient nous toucher au plus profond, lance-t-elle.

L’art pour mieux comprendre

 

En 2019, Julie Forgues a été commissaire de l’exposition Au-delà du Nord, à la galerie d’art Louise-et-Reuben-Cohen de l’Université de Moncton.

Arts visuels, photos, poésie, littérature, musique : l’exposition regroupait des œuvres créées par 21 artistes qui avaient fait le voyage avec elle dans le cercle polaire en 2016.

De retour d’une deuxième résidence de navigation dans l’océan Arctique, Julie Forgues aimerait possiblement recréer l’expérience.

Un paysage du cercle de l'Arctique.

En plus de l’équipage, une trentaine d’artistes de différentes disciplines et pays ont pris part au voyage.

PHOTO : GRACIEUSETÉ: JULIE FORGUES

J’ai vu le travail de tous les artistes et je me suis dit, il faut vraiment montrer le travail de toutes ces personnes-là, explique-t-elle.

Selon Julie Forgues, l’art permet de mieux comprendre les changements climatiques.Ça crée un petit impact pour quiconque va voir les œuvres, dit-elle.

Source: Radio canada