La petite nation insulaire des Caraïbes a annoncé lundi 13 novembre la création d’une réserve marine protégée de 800 km² pour le cachalot, une espèce en voie de disparation. La pêche commerciale et la circulation des grands navires y seront interdites.
’est une première mondiale au profit de ce cétacé , l’un des plus grands animaux de la planète. La Dominique, petit pays insulaire des Caraïbes, a annoncé lundi 13 novembre la création de la première réserve marine de cachalots au monde. La pêche commerciale et la circulation des grands navires seront bannies de cette aire protégée de près de 800 km² au large de la côte occidentale de l’île, soit l’équivalent de la superficie de l’île elle-même.
«Les quelque 200 cachalots qui vivent dans notre mer sont des citoyens précieux de la Dominique» , a souligné lundi le Premier ministre de la Dominique, Roosevelt Skerrit. «Nous voulons nous assurer que ces animaux majestueux et très intelligents soient à l’abri du danger et qu’ils continuent à préserver la santé de nos eaux et de notre climat» .
Un corridor sera creusé pour permettre aux navires d’accoster à Roseau, la capitale et la plus grande ville de l’île, détaille Francine Baron, cheffe d’une agence pour la résilience climatique de la Dominique. Les bateaux de plus de 18 mètres seront probablement interdits, tandis que la pêche artisanale et durable à petite échelle restera autorisée, tant qu’elle n’interfère pas avec les cétacés.
Les cachalots, pouvant atteindre jusqu’à 16 mètres de long apprécient particulièrement les eaux translucides de la Dominique, idéales pour leur alimentation et pour élever leurs petits. Toutefois, le biologiste Shane Gero a documenté le déclin de leur population : «Ces cétacés s’empêtrent dans les engins de pêche, ingèrent nos déchets plastiques qui s’échouent dans la mer et sont heurtées par les navires, une menace particulièrement élevée dans les Caraïbes, où tout est importé et où de nombreux navires transitent entre les îles. Tout cela se conjugue pour dépeindre un tableau inquiétant pour l’avenir des cachalots», expose-t-il dans un communiqué de National Geographic .
Excréments et plancton
Avec sa nouvelle réglementation, la Dominique entend poursuivre deux objectifs. D’une part, l’argument est écologique . «La protection de ces cachalots offre une solution climatique incroyable et rentable qui a été négligée par les décideurs politiques. Car plus il y a de cachalots dans les eaux dominiquaises, plus le carbone est séquestré dans les profondeurs marines, ce qui contribue à atténuer le réchauffement», souligne l‘océanographe Enric Sala dans des propos rapportés sur CBS .
En effet, leurs excréments sont riches en nutriments et favorisent la prolifération du plancton à la surface de la mer. Ce plancton capture ensuite le dioxyde de carbone de l’eau de mer et l’entraîne au fond des océans lorsqu’il meurt. En supposant que 250 cachalots vivent dans les eaux de la Dominique, ils emprisonnent chaque année jusqu’à 4 200 tonnes de carbone, l’équivalent de 5 000 voitures retirées de la circulation, estime Enric Sala, également fondateur de l’organisation à but non lucratif Pristine Seas qui conseille la nation insulaire.
D’autre part, la Dominique espère aussi augmenter ses recettes touristiques. Kristen Rechberger, fondatrice de Dynamic Planet, une entreprise qui conseille aussi le gouvernement dominiquais, a expliqué à National Geographic que l’objectif serait de mettre en place un concept similaire au programme de tourisme des gorilles de montagne en vigueur au Rwanda. Les visiteurs étrangers y sont contraints de payer 1 500 dollars pour randonner une journée et passer une heure avec les primates. Et d’ajouter : «Avec un programme de conservation adéquat, la protection de la nature est à la portée de tous les pays, grands et petits».
Source: Libération