Le port en eau profonde, encalminé
27 décembre 2024
27 décembre 2024
« L’homme ne peut atteindre tout ce qu’il désire ainsi les vents souffrent dans la direction que n’aiment pas les navires ». El Moutannabi (915-965)
Tel un voilier immobilisé, le port en eau profonde d’Enfidha est toujours en mode off.
Conçu il y près de 20 ans en même temps que celui de Tanger au Maroc, il connait une fortune à l’opposé de cette de son pendant sur la pointe de la Méditerranée occidentale. Ce dernier a vu le jour, puis a grandi jusqu’à supplanter tous ses semblables en Afrique.
Quant au notre, force est de constater qu’il est encore en gestation. Trop d’atermoiements, de controverses vaines et futiles, de reculades en rebroussement.
On aura tout essayé tout au long de ces deux décennies. L’on se demande pourquoi a-t-on si longtemps tergiversé alors que le port projeté est viable et oserions-nous dire, vital pour la Tunisie du XXIème siècle.
Contrairement à ce qu’allègent ses contempteurs, ce n’est pas un « éléphant blanc » c’est-à-dire une infrastructure de prestige dont les retombées ne seraient pas garanties.
Pour s’en convaincre il suffit de regarder une carte de la planète constellée de ports de cette envergure. Le dernier en date vient d’être inauguré au Pérou le 15 novembre par le président chinois Xi Jinping lors de sa visite dans ce pays andin.
Construit par un consortium conduit par l’armateur chinois Cosco, à 60 km de la capitale Lima, plus précisément dans la ville de Chancay. Ah, la proximité phonétique – paronymes – avec Shanghai la capitale économique de l’empire du Milieu !
Les caractéristiques ainsi que les coûts de ce port sont à peu près les mêmes que celles et ceux d’Enfidha.
D’ailleurs, dans l’optique des gouvernants de Pékin, les deux pourraient s’inscrire dans la fameuse route de la soie. Tant il est vrai que si le port péruvien constitue une plateforme pour l’Amérique du Sud pour l’acheminement des marchandises vers l’Asie, le notre servira sûrement de hub pour l’Afrique Sub-Saharienne pour raffermir les relations commerciales avec l’EST. Aussi est-il impérieux de s’activer à rattraper le temps perdu.
Alors, enfants de la patrie d’Hannon, levons l’ancre et mettons toutes voiles dehors !