Le Conseil nordique appelle la Norvège et l’Islande à soutenir un moratoire sur l’exploitation minière en eaux profondes

 

Aujourd’hui [31 octobre], le Conseil nordique a voté en faveur d’une résolution appelant à un moratoire sur l’exploitation minière en eaux profondes. Ce vote historique, soutenu par des parlementaires de tous les pays nordiques, envoie un message clair à l’Islande et à la Norvège pour qu’elles rejoignent leurs voisins et prennent position contre l’industrie minière en eaux profondes, potentiellement dangereuse. 

Réunis cette semaine à Reykjavik pour leur session annuelle, les membres du Conseil nordique, un organisme interparlementaire dont l’objectif est de favoriser la coopération entre les pays nordiques, se sont réunis pour débattre de questions clés. Aujourd’hui, le Conseil a adopté une résolution soulignant la nécessité urgente de protéger les environnements sous-marins des ravages potentiels causés par les activités minières et appelant les pays nordiques à promouvoir un moratoire sur l’exploitation minière en eaux profondes dans les eaux internationales. 

La proposition émane du deuxième groupe politique du Conseil nordique – le Groupe du centre – et a reçu le soutien de tous les partis au sein du Comité pour une région nordique durable cet été. « Elle concerne des habitats importants qui sont restés intacts pendant des milliers d’années et qui peuvent être gravement endommagés par l’exploitation minière », a déclaré la présidente norvégienne Tove Elise Madland, pour expliquer la décision du comité. 

Le gouvernement islandais a déclaré qu’il suivait de près l’évolution de l’exploitation minière en eaux profondes et qu’il envisageait de s’impliquer dans ce domaine. Cette réflexion fait suite aux questions persistantes du Parlement islandais et à la société civile qui exhorte le gouvernement islandais à soutenir un moratoire. 

Le gouvernement norvégien, de son côté, fait pression pour que soient octroyés des permis d’exploitation minière en eaux profondes dans sa juridiction nationale, qui devraient être délivrés au premier semestre 2025, malgré l’opposition farouche de l’industrie de la pêche, des ONG, des chercheurs et de la communauté internationale. Bien que la résolution du Conseil nordique ne porte pas sur les eaux relevant de la juridiction nationale, elle pourrait être considérée comme une critique implicite de la procédure d’octroi prématurée de permis par la Norvège. 

L’exploitation minière en eaux profondes internationales est gérée par l’Autorité internationale des fonds marins (AIFM), affiliée à l’ONU. Tous les pays nordiques sont membres de l’AIFM et peuvent influencer ses décisions, notamment dans le cadre des négociations en cours sur le code minier. Ce code minier permettrait à l’Autorité de délivrer des permis d’exploitation. Des chercheurs ont déjà averti que l’adoption d’un code minier, compte tenu du manque actuel de connaissances sur les fonds marins, constituerait un risque important pour l’environnement marin. 

Alors que le Royaume du Danemark (y compris les îles Féroé et le Groenland), la Finlande et la Suède se sont engagés à soutenir une pause de précaution dans l’exploitation minière en eaux profondes – ce qui fait partie des 32 pays qui adoptent des positions similaires – la résolution souligne la nécessité pour tous les pays nordiques d’intensifier leurs efforts et de respecter leurs engagements en matière de protection des eaux profondes. Les résolutions du Conseil nordique exigent que les gouvernements membres rendent compte dans un délai de trois mois des mesures qu’ils prennent pour donner suite aux recommandations formulées dans les résolutions. 

La résolution adoptée aujourd’hui est importante à l’heure où l’exploitation minière en eaux profondes devient une préoccupation croissante dans le monde entier. Alors que l’ISA négocie un code minier qui devrait être adopté d’ici juillet 2025, il devient de plus en plus urgent que les pays soutiennent un moratoire. En tant que leaders de la gouvernance environnementale mondiale, les pays nordiques sont bien placés pour mener la charge en matière de protection des eaux profondes, donnant ainsi l’exemple aux autres régions du monde.  

Source: Seas-at-risk