L’Autorité palestinienne espère extraire du gaz de la Méditerranée avec le soutien de l’Égypte

 
Les gisements de gaz naturel au large de la côte de Gaza pourraient stimuler l’économie palestinienne.

À la suite de l’accord maritime historique entre Israël et le Liban, qui permet aux deux pays de bénéficier de riches gisements de gaz en Méditerranée, l’Autorité palestinienne espère extraire du gaz naturel des eaux au large de Gaza avec le soutien de l’Égypte. Le Premier ministre palestinien Mohammad Shtayyed a annoncé que le directeur du Fonds d’investissement palestinien (FIP), Mohammad Mostafa, négocie actuellement un accord d’extraction de gaz avec la compagnie égyptienne de gaz naturel (EGAS). Shtayyed formera également un comité composé de plusieurs ministres pour suivre la question du gaz palestinien.

Selon une source palestinienne citée par The New Arab, l’Autorité palestinienne, dirigée par Al-Fatah, et la société égyptienne signeront l’accord « avant la fin de cette année ». L’accord définira la répartition des parts entre les partenaires et la manière dont le gaz sera commercialisé. 

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AFP/NASSER NASSER – Premier ministre palestinien Muhammad Shtayyeh

« Nous voulons un accord qui serve nos droits et nos capacités nationales, et qui profite à notre peuple », a déclaré Shtayyed, selon Arab News. « Le projet d’extraction de gaz est une question stratégique importante pour nous », a déclaré un responsable du gouvernement palestinien aux médias saoudiens. La source a également souligné que l’extraction du gaz générerait des revenus qui aideraient « la trésorerie du gouvernement« .

C’est pourquoi l’Autorité palestinienne s’intéresse depuis des années à l’exploitation du gisement de gaz naturel au large de la bande de Gaza, contrôlé depuis 2007 par son rival politique, le Hamas, avec lequel elle a récemment signé un accord de réconciliation en Algérie. « D’un point de vue juridique, le Hamas n’a rien à voir avec le gaz à Gaza, mais étant donné qu’il contrôle l’enclave, il pourrait facilement entraver l’accord », a déclaré à l’AFP Mazen al-Ajla, professeur d’économie à l’Université islamique de Gaza.

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PHOTO/PALESTINE INVESTMENT FUND – Le président du conseil d’administration du Fonds d’investissement palestinien, Mohammad Mustafa

Le gouvernement de Mahmoud Abbas devra trouver un accord avec le groupe islamiste, ainsi qu’avec Israël, pour commencer à extraire du gaz du champ marin de Gaza. « L’approbation israélienne est nécessaire », a déclaré un responsable de l’Autorité palestinienne à l’agence de presse. Ramallah espère que l’Égypte pourra persuader Israël d’autoriser le projet et que les États-Unis serviront de médiateur entre les deux parties, comme ils l’ont fait pour l’accord maritime avec le Liban.

Toutefois, Israël pourrait entraver le projet si le Hamas bénéficie de quelque manière que ce soit du gaz naturel, comme le souligne Al-Ajla. Selon le professeur, les autorités israéliennes poseront comme condition que le groupe islamiste ne bénéficie pas du projet. En ce sens, le rôle que l’Égypte peut jouer en tant que médiateur entre les deux parties est une fois de plus mis en évidence. « L’Égypte peut résoudre ce problème en faisant pression sur le Hamas », ajoute-t-il. 

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AP/BILIAL HUSSEIN – Le ministre libanais de l’énergie, Walid Fayyad, et le directeur de la compagnie égyptienne de gaz naturel (EGAS), Magdy Galal

Tarek el-Mulla, ministre égyptien du Pétrole et des Ressources minérales, a exprimé son soutien au « droit de la Palestine à bénéficier de ses propres ressources ». El-Mulla a également fait savoir à Mohammad Mostafa, chef du PFI, que Le Caire « n’épargnera aucun effort » pour aider l’économie palestinienne à cet égard, selon les médias locaux.

À ce jour, l’Égypte est le seul pays à avoir signé un protocole d’accord avec les autorités palestiniennes pour exploiter les gisements de gaz de la zone, située à 36 kilomètres de l’enclave palestinienne. La mer de Gaza, découverte dans les années 1990, contient plus de 1 trillion de pieds cubes de gaz naturel inexploité. 

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AFP/ MOHAMMED ABED – Des Palestiniens participent à un rassemblement au port maritime de la ville de Gaza, pour réclamer leur droit de recevoir du gaz provenant d’un gisement offshore au large d’Israël et l’ouverture des passages frontaliers

Comme le souligne Arab News, d’après les estimations de Samir Hulileh, un économiste palestinien, les revenus annuels du champ pourraient s’élever à 700-800 millions de dollars par an. Une partie de ces fonds pourrait être allouée à la centrale électrique de Gaza et pallier les coupures de courant constantes dans le territoire. Les revenus du gaz pourraient également stimuler l’économie palestinienne en difficulté. 

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AP/ADEL HANA – Des Palestiniens pêchent dans la mer Méditerranée, le long de la côte de la ville de Gaza
Une nouvelle source de tension entre l’Egypte et la Turquie ?

D’autre part, les analystes préviennent Al-Arab que le projet pourrait provoquer des conflits frontaliers entre l’Égypte et les pays de la région, notamment la Turquie. Le Caire et Ankara ont déjà eu des désaccords sur la Libye. Le ministère égyptien des Affaires étrangères – ainsi que celui de la Grèce – a considéré comme « illégal » un protocole d’accord récemment signé par le gouvernement libyen d’Abdul Hamid Dbeibé et la Turquie sur la prospection d’hydrocarbures dans les eaux libyennes.

Le chef de la diplomatie égyptienne a rappelé que le mandat de l’actuel gouvernement libyen a expiré, donc « il n’a pas de légitimité pour signer des accords ». Contrairement à la Turquie, pendant le conflit libyen, l’Égypte a soutenu le maréchal libyen Khalifa Haftar, chef de l’Armée nationale libyenne (ANL), contre le gouvernement d’accord national (GNA), puis le Gouvernement d’unité nationale (GUN).

Source: atalayar