L’Australie bloque un projet de mine de charbon qui menaçait la grande barrière de corail

 

C’est une première dans un pays drogué au charbon depuis des décennies. Le gouvernement australien refuse un projet de mine à ciel ouvert sur la côte nord-ouest du pays, pile en face de la Grande Barrière de Corail, au nom de la protection de la biodiversité.

C’est une petite révolution en Australie, pays du charbon roi. Le gouvernement australien a confirmé ce mercredi 8 février qu’il refusait le projet d’une mine à ciel ouvert à Rockhampton, une ville de la côte nord-ouest du pays. L’entreprise Central Queensland Coal, propriété du milliardaire et ancien député conservateur Clive Palmer, entendait y extraire du charbon, pile face à la fragile Grande Barrière de Corail, joyau inscrit au patrimoine mondial de l’Humanité.

Les eaux de ruissellement provenant du processus d’extraction (18 millions de tonnes annuelles pendant vingt ans) menaçaient de polluer gravement la mer, d’attaquer la flore et la faune, et donc les récifs coralliens. Or la Grande barrière est dans un état inquiétant. En six ans, elle a subi quatre épisodes massifs de blanchissement, en particulier à cause du dérèglement climatique qui réchauffe l’eau de mer.

 

Plus gros émetteur mondial de CO2 par habitant

 

L’interdiction du projet n’avait pourtant rien d’évident dans un pays où le secteur minier pèse 8 % de la production nationale. L’Australie reste le premier exportateur mondial de charbon, avec près de 30 % du marché mondial ! C’est d’ailleurs la première fois qu’un projet est retoqué en vertu d’une loi fédérale sur la protection de l’environnement et la conservation de la biodiversité (EPBC)… pourtant vieille de 24 ans.

Mine de charbon à ciel ouvert à Mudgee, dans le sud de l’Australie. | ARCHIVES REUTERS

Que s’est-il passé ? Clairement, face au dérèglement climatique, la pression mondiale sur l’Australie, dont les émissions de CO2 dépassent les 15 tonnes par habitant, soit 3,5 fois la moyenne mondiale et davantage que les États-Unis ( !), a commencé à faire effet. Mais c’est la chute du Premier ministre conservateur et climatosceptique Scott Morrison, remplacé en mai 2022 par le travailliste Anthony Albanese, qui a changé la donne.

Raz-de-marée contre la mine

 

Aiguillonné par la poussée des écologistes qui réclament l’interdiction de tous les nouveaux projets d’extraction minière, le gouvernement Albanese prend enfin des mesures pour limiter les effarantes émissions de gaz à effets de serre de l’Australie.

Dès l’année dernière, suivant les autorités de l’État du Queensland, où se trouve Rockhampton, la ministre fédérale de l’Environnement Tanya Plibersek avait donné un avis défavorable au projet de mine. Conformément à la loi EPBC de 1999, qu’elle avait décidé d’activer, elle a ouvert une consultation publique. Le résultat a été un raz-de-marée contre le projet (plus de 9 000 contributions argumentées), déjà largement étrillé par des études scientifiques.

Source: Ouest france