L’alliance 2M de Maersk et MSC vole en éclat

 

Avec la dissolution de 2M, le monde maritime conteneurisé connaît en ce mois de janvier un événement risquant de produire un véritable chamboulement. Le danois Maersk et l’italo-suisse MSC viennent d’annoncer pour 2025  leur volonté de détruire une des plus grosses alliances régissant depuis presque une décennie le shipping planétaire.

Vincent Clerc, PDG d’AP Møller-Maersk, et Søren Toft, PDG de MSC, déclarent : « MSC et Maersk prennent conscience que de nombreuses choses ont changé depuis la signature en 2015 par les deux compagnies de cet accord prévu pour durer dix ans ».
Pour les dirigeants des compagnies maritimes se partageant les deux premières places du palmarès mondial en termes de capacité, « mettre fin à l’alliance 2M va permettre aux deux transporteurs de remettre en œuvre, chacun de son côté, leurs propres stratégies ».



Les pistes de sortie des services communs à l’étude



Au plan opérationnel, l’alliance 2M ne vole pourtant pas en éclat avec effet immédiat. Les deux leaders mondiaux du transport conteneurisé soulignent que cette annonce n’a pas encore d’impact sur les services opérés en commun par les deux membres du VSA (Vessel Sharing Agreement). Ils ajoutent que les équipes commerciales des deux compagnies se donnent deux ans pour négocier avec les clients utilisant les services communs des modes de sortie de cette alliance mondiale.

Née en 2015, 2M avait eu pour mission de rationaliser le marché et de générer des économies de coûts d’exploitation sur les axes Asie-Europe, transtlantique et transpacifique. Cette alliance était restée véritablement bipartite. Après avoir été approchée un temps par les coréens HMM et SM Line, elle avait accepté de nouer un accord de partenariat avec l’israélien Zim.

En revanche, les deux autres alliances mondiales du shipping se sont montrées rapidement plus protéiformes. L’Ocean Alliance (dont la durée de vie avait doublé, passant de cinq à dix ans en 2019), est un VSA franco-asiatique regroupant la compagnie nationale CMA CGM, le chinois Cosco (ayant entre-temps absorbé le hongkongais OOCL) et le taïwanais Evergreen.

Quant à The Alliance, le troisième VSA global, composé l’allemand Hapag-Lloyd, du japonais Ocean Network Express (One), et du taïwanais Yang Ming, elle s’était élargie avec l’arrivée de HMM.

Considérant que ces trois VSA ont été créés dans une conjoncture de taux de fret très bas, l’arrêt de 2M pose question. L’envolée des tarifs dont a bénéficié le secteur pendant dix-huit mois, leur retour à des niveaux d’avant-crise et le nombre incessant de commandes de navires neufs pourrait engendrer une reconfiguration des alliances ou la remise à plat totale du système.

Source: l’antenne