L’Afrique a plus que quintuplé sa production aquacole entre 2000 et 2022 (rapport)
7 février 2025
7 février 2025
Alors que la surpêche épuise les stocks de produits halieutiques dans les pêcheries côtières, le rapport souligne que l’aquaculture a le potentiel de satisfaire la demande future si les gouvernements mobilisent davantage d’investissements dans les infrastructures, les technologies et le soutien aux petits producteurs.
La production aquacole africaine s’est multipliée par 5,6 depuis l’année 2000, grâce notamment à la forte demande des produits issus de cette filière dans un contexte marqué par une urbanisation galopante, une croissance démographique débridée et un changement des habitudes alimentaires des consommateurs. C’est ce qu’indique un rapport publié le lundi 3 février 2025 par le Panel Malabo Montpellier, un groupe d’experts internationaux spécialisés en agriculture qui œuvre à accélérer les progrès vers la sécurité alimentaire en Afrique.
Intitulé « Fish-friendly : Policy innovations for sustainable fisheries and aquaculture in Africa », le rapport précise que le volume de production de l’aquaculture en Afrique est passé de 0,45 million de tonnes en 2000 à 2,51 millions de tonnes en 2022, ce qui représente le rythme de croissance le plus rapide à l’échelle mondiale.
L’Egypte concentre 62% de la production aquacole sur le continent, loin devant le Nigeria (10%). La filière génère aussi un nombre important d’emplois. Elle occupait environ 650 000 personnes en 2022 contre 240 000 en 2000.
Le secteur de la pêche et de l’aquaculture contribue au développement économique de l’Afrique, qui reste un exportateur net de poissons sauvages et de produits aquacoles. Ces exportations sont à 8,5 milliards de dollars en 2022 contre 2,7 milliards de dollars en 2000.
Les produits alimentaires d’origine aquatique, y compris le poisson, occupent par ailleurs une place de plus en plus importante dans les régimes alimentaires sur le continent et représentent près de 20% de l’offre totale des protéines animales. En 2021, la consommation moyenne de poissons par habitant en Afrique était de 9,4 kg/an contre 7,6 kg/an en 2000.
L’augmentation rapide de la demande de ces produits est principalement tirée par la forte croissance démographique, l’augmentation des revenus des populations, l’urbanisation et la préférence de plus en plus marquée des consommateurs pour le poisson qui est perçu comme plus sain et plus nutritif comparativement aux autres produits carnés.
Un déficit de 11 millions de tonnes par an d’ici 2030
Alors que les besoins actuels dépassent déjà largement l’offre et impliquent des importations massives de poissons, le rapport souligne que des politiques de développement de l’aquaculture et des investissements importants dans cette filière sont nécessaires pour faire face à un déficit anticipé de 11 millions de tonnes par an de poissons et de produits alimentaires d’origine aquatique d’ici 2030 et faire du secteur de l’aquaculture un puissant moteur de la croissance économique.
Rien que pour préserver les niveaux actuels de consommation de poissons par habitant, l’Afrique devrait enregistrer une hausse de 74% de sa production de produits halieutiques d’ici 2050.
Estimant que l’aquaculture a le potentiel de satisfaire la demande future, le Panel Malabo Montpellier a déterminé quatre axes majeurs pour orienter les actions politiques des gouvernements africains et de leurs partenaires au développement, en vue d’optimiser la performance du secteur.
Il s’agit premièrement d’investir dans les infrastructures et les technologies. Les investissements prioritaires devraient concerner les écloseries, les infrastructures de conservation et de transformation qui exploitent des énergies renouvelables, ainsi que les technologies innovantes qui soutiennent les objectifs nutritionnels, économiques et écologiques comme l’aquaculture multi-trophique intégrée (par exemple la rizipisciculture).
L’intérêt devrait également porter sur le renforcement du soutien à la petite aquaculture à travers la conception des produits financiers et des applications mobiles adaptés aux exigences des petits producteurs ainsi que le lancement de formations techniques et de programmes de perfectionnement visant à assurer un accès équitable au marché.
Les gouvernements gagneraient par ailleurs à soutenir l’innovation et augmenter le financement de la recherche en mettant en place des pôles d’innovation et des programmes de mentorat, en allouant davantage de ressources à la recherche sur la durabilité et en offrant des incitations aux instituts de recherche.
Et last but not least, un intérêt accru doit être accordé au renforcement de la coopération et à la facilitation des échanges au niveau régional. Pour concevoir des systèmes de pêche et d’aquaculture plus performants et plus durables, il convient, en effet, d’uniformiser les réglementations nationales, continentales et internationales en matière de pêche, d’établir des systèmes de certification et d’étiquetage communs, et d’optimiser les procédures douanières.