L’ADN de cette pieuvre prédit un effondrement de la calotte glacière plus rapide que prévu
3 janvier 2024
3 janvier 2024
La pieuvre de Turquet, qui vit du côté de l’Antarctique depuis environ quatre millions d’années, fait de tristes prédictions sur l’avenir de notre planète. En analysant son ADN, des chercheurs ont récolté des informations innovantes et passionnantes sur l’effondrement de la calotte glaciaire.
Les poulpes de l’Antarctique, qui vivent dans l’obscurité des profondeurs marines, sont des créatures fascinantes. Ce qui étonne surtout les scientifiques, c’est que leurs génomes renferment des informations cruciales sur l’évolution des caractéristiques physiques de notre planète. En analysant l’ADN de 96 poulpes de Turquet, les scientifiques sont parvenus à la conclusion que la calotte glaciaire de l’Antarctique avait totalement fondue lors de la dernière période interglaciaire. À l’époque, le climat de la Terre ressemblait grandement à celui que nous connaissons aujourd’hui, ce qui laisse suggérer que nous sommes à l’aube d’un nouvel effondrement.
L’étude publiée sur la revue Science porte sur les populations de poulpes de Turquet, qui vivent dans plusieurs mers autour de l’Antarctique, dont celles de Weddell, d’Amundsen et de Ross. Si ces trois mers sont aujourd’hui séparées par la glace, l’analyse de l’ADN de 96 poulpes a montré que cette partie du continent était libre de glace il y a 125.000 ans, permettant aux animaux marins de s’y accoupler, et ainsi, de croiser leur matériel génétique. Autrement dit, les scientifiques ont désormais la certitude que la calotte glaciaire de l’Antarctique occidental avait totalement fondue lors de la dernière période interglaciaire.
Durant cette étape cruciale des cycles de glaciation, « le niveau mondial de la mer était de 5 à 10 mètres plus élevé qu’aujourd’hui et que les températures moyennes mondiales étaient de 0,5° à 1,5°C plus chaudes que les niveaux préindustriels« , précisent les auteurs. Autrement dit, le point de bascule du futur effondrement de cette partie vulnérable du globe pourrait donc être atteint même sous les accords de Paris, dont l’objectif est de ne pas dépasser les 1,5 °C de réchauffement climatique.
D’après les auteurs de cette étude, l’effondrement de la calotte glaciaire de l’Antarctique aurait pour incidence critique « une élévation du niveau de la mer estimée entre 3.5 et 5 mètres », a déclaré l’auteur de l’étude Jan Strugnell, biologiste moléculaire et professeure à l’Université James Cook (Australie), dans un communiqué. Selon elle, une meilleure compréhension de la configuration passée de la calotte glaciaire de l’Antarctique permettrait d’affiner les projections de l’augmentation du niveau des mers et des océans du globe.
Si des incertitudes subsistent encore concernant les causes de la fonte de la calotte glaciaire au cours de la dernière période interglaciaire, il n’en demeure pas moins que ces scénarios catastrophiques auraient des conséquences désastreuses dans de nombreuses autres régions du globe. De nombreux petits territoires insulaires pourraient alors être rayés de la carte, sans compter les répercussions dramatiques pour la biodiversité et les populations locales.