La récente baisse de la pollution des navires contribuerait au réchauffement des océans

 

D’après un article paru dans Le Monde le 15 août 2023, il semblerait que la réduction de la pollution provenant des carburants maritimes puisse paradoxalement contribuer au réchauffement des océans. Cette situation découle de la mise en œuvre d’une réglementation de l’Organisation maritime internationale (OMI) depuis le 1er janvier 2020, visant à diminuer significativement la teneur en soufre du fioul utilisé par les navires. Cette mesure a pour effet positif de réduire les émissions de particules fines, ce qui a des avantages pour la santé humaine et les écosystèmes. Cependant, elle a aussi un impact sur la formation et la réflectivité des nuages de basse altitude, qui ont la capacité de renvoyer une partie du rayonnement solaire.

L’explication réside dans le processus chimique lié à la présence de soufre dans le carburant maritime. Le soufre, lorsqu’il est brûlé, génère des oxydes de soufre qui se transforment en particules fines dans l’atmosphère. Ces particules agissent comme des « noyaux de condensation », sur lesquels la vapeur d’eau se dépose, favorisant ainsi la formation de nuages avec des gouttelettes plus petites et plus nombreuses. Ces nuages renvoient davantage de rayonnement solaire, ce qui a pour conséquence de « refroidir » le climat.

Néanmoins, cet aspect a des répercussions qui suscitent des interrogations. Alors que certaines régions océaniques connaissent actuellement des vagues de chaleur exceptionnelles, notamment dans l’Atlantique Nord, la réglementation visant à réduire la pollution maritime pourrait être en partie liée à cette situation. Bien que le principal facteur reste le réchauffement climatique d’origine humaine, ainsi que des conditions météorologiques spécifiques avec des vents inhabituellement faibles, certains experts estiment que les actions de lutte contre la pollution atmosphérique pourraient aussi jouer un rôle.

Une étude récente publiée dans la revue Atmospheric Chemistry and Physics en juillet 2023 a tenté de quantifier cet effet. Selon cette étude, l’impact radiatif de la nouvelle réglementation de l’OMI serait d’environ 0,1 watt par mètre carré à l’échelle mondiale. Bien que cette valeur soit relativement faible comparée à d’autres facteurs de forçage radiatif, sa mesure précise demeure complexe. Les chercheurs préconisent la poursuite des observations au cours des prochaines années pour obtenir une meilleure évaluation de l’impact climatique de ce changement de régulation.

Source: Le Monde