La Nouvelle-Calédonie adopte un moratoire de 50 ans, jusqu’en 2075, sur l’exploitation des grands fonds marins
2 mai 2025
2 mai 2025
Deux ans qu’il attendait ce vote. C’est « très heureux » et grand sourire aux lèvres que le représentant du WWF a quitté le coin visiteur du Congrès, mardi 29 avril. Il faut dire que le moratoire adopté par la majorité des élus (32 voix pour, dix abstentions venant des Loyalistes et du Rassemblement) va bien plus loin que les vingt-cinq à trente ans préconisés par les associations environnementales, consultées pour la rédaction du texte.
C’est pendant cinquante ans, jusqu’en 2075, que seuls les scientifiques pourront sonder le parc de la mer de Corail et ses 1,3 million de km², pour savoir ce qu’on y trouve, loin sous la surface. Et à condition de le faire de façon non invasive.
Plutôt que de céder à la logique du profit immédiat, la Nouvelle-Calédonie peut choisir d’être pionnière dans la protection des océans.
Jérémie Katidjo Monnier, membre du gouvernement en charge du dossier
Un non-sens et une décision jusqu’au-boutiste, pour Les Loyalistes. L’intergroupe plaidait pour une autorisation de l’exploration et un moratoire de dix ans. Le seul moyen, selon les élus menés par Françoise Suve, de ne pas priver les générations futures de nouvelles ressources potentielles et d’informations inaccessibles aux seuls scientifiques.
Toute notre action politique sur la question du nickel est tournée vers plus d’exploitation. Et là, on se porte en grand garant de la défense de l’environnement pour des fonds marins qu’on n’a jamais vus.
Nicolas Metzdorf, intergroupe Les Loyalistes
Une position qui, logiquement, n’est pas partagée par Calédonie ensemble, à l’origine de cette loi du pays. Selon le porte-parole du parti, Philippe Dunoyer, le moratoire qui vient d’être adopté se trouve dans la droite ligne des orientations locales et internationales.
Le texte prévoit également qu’un bilan de ce moratoire sera fait au plus tard avant sa fin. Par ailleurs, des sanctions sont prévues en cas de violation de cette longue parenthèse. Six mois à deux ans de prison, et une amende dont le montant en millions de francs peut varier selon la zone concernée.
La Calédonie est considérée comme un « hot spot » de la biodiversité mondiale. Son espace maritime abrite presque un tiers des récifs pristines, c’est-à-dire quasiment vierges, qui ne représentent plus que 1,5% des récifs dans l’ensemble des océans.
Cette réglementation s’avère l’une des plus strictes à l’échelle de la planète. Son adoption intervient quelques jours après la signature d’un décret du président américain Donald Trump, destiné à autoriser l’extraction minière des grands fonds marins, y compris dans les eaux internationales.
Une décision qui va à l’encontre des règles du droit international. Les « abysses ne sont pas à vendre » et la haute mer « n’appartient à personne », a réagi lundi l’ambassadeur français des enjeux maritimes, Olivier Poivre d’Arvor.
Dans la région Pacifique, Nauru et les îles Cook se sont récemment prononcés en faveur de l’exploration. En parallèle, les États insulaires ont engagé en février une réflexion au sein du Forum des îles du Pacifique, sans qu’une position commune n’ait encore été adoptée.