La montée du niveau de la mer autour de la Méditerranée pourrait être 3 fois pire que prévu
28 février 2025
28 février 2025
Il est facile de considérer l’élévation du niveau de la mer comme un problème simple : la fonte des glaciers et des calottes polaires ajoute de l’eau aux océans, tandis que les températures plus élevées provoquent la dilatation de l’eau. Mais aussi simple que cela puisse paraître, il existe une complexité cachée qui rend la réalité de cette élévation bien pire que prévu, en particulier en Méditerranée. Des études récentes ont révélé que dans certaines zones, le niveau de la mer monte presque trois fois plus vite qu’on ne le pensait, et les conséquences pourraient être désastreuses.
L’élévation du niveau de la mer est généralement mesurée à l’aide de marégraphes, qui suivent les fluctuations à des endroits précis, et de l’altimétrie radar par satellite, qui nous offre une perspective plus globale.
Cependant, les scientifiques ont récemment reconnu qu’un troisième facteur accélère cette élévation : l’affaissement du sol.
Ce phénomène, qui correspond à l’affaissement de la surface terrestre, est souvent causé par des activités humaines comme la surexploitation des eaux souterraines. Cet affaissement, combiné à l’élévation du niveau de la mer, intensifie la menace pesant sur les régions côtières.
Dans une nouvelle étude menée par trois chercheurs de l’Institut national de géophysique et de volcanologie d’Italie et de l’Université Radboud aux Pays-Bas, les scientifiques ont intégré des mesures satellites pour évaluer avec précision la vitesse à laquelle les terres s’enfoncent dans les zones côtières méditerranéennes.
Les résultats sont alarmants : dans certaines parties de la Méditerranée, le niveau de la mer monte presque trois fois plus vite que dans les zones stables.
Le Dr Antonio Vecchio, auteur principal de l’étude de l’Université Radboud, a expliqué l’importance de cette découverte :
« Notre analyse montre qu’en raison de l’affaissement des terres, le niveau de la mer monte dans certaines zones méditerranéennes à un rythme près de trois fois plus rapide que dans des régions plus stables. »
Cette montée rapide des eaux menace plus de 38 500 kilomètres carrés de côtes, qui pourraient bientôt être submergées. Les côtes méditerranéennes sont confrontées à certains des effets les plus extrêmes et les plus rapides du changement climatique. La montée des eaux affectera non seulement les communautés côtières, mais endommagera également les écosystèmes marins, essentiels à la biodiversité de la région.
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Qu’est-ce qui est à l’origine de cet affaissement accéléré de la Méditerranée ? La région est le résultat de la collision continue entre les plaques tectoniques africaine et eurasienne, un processus actif depuis la fin du Crétacé, il y a plus de 66 millions d’années.
Les plaques continuent de se pousser l’une contre l’autre, provoquant la déformation de la croûte terrestre, ce qui entraîne des mouvements continus et épisodiques pouvant déclencher des tremblements de terre, en particulier près des côtes.
Cette activité géologique continue contribue à l’affaissement des terres qui, combiné à la montée du niveau de la mer, crée un cercle vicieux : le sol s’affaisse et la mer monte plus haut. Cette dynamique est particulièrement inquiétante pour les pays méditerranéens déjà confrontés à d’autres pressions comme l’érosion côtière et l’augmentation du développement humain le long des côtes.
Selon une étude, la France, l’Égypte et l’Italie sont les pays méditerranéens les plus vulnérables, la France étant particulièrement confrontée à la menace d’inondations côtières dans des zones telles que le delta du Rhône.
Ces zones côtières de faible altitude sont particulièrement exposées aux inondations en raison de leur géographie, et elles sont également confrontées à des risques supplémentaires liés à l’affaissement du littoral, à l’érosion côtière et à la pression humaine croissante. Ces facteurs combinés les rendent plus vulnérables aux inondations dans les décennies à venir (en particulier entre 2050 et 2150).
De plus, un rapport publié en mai 2023, intitulé « L’adaptation de la Camargue au changement climatique », examine les impacts du changement climatique sur la Camargue, y compris les menaces d’inondation liées à l’évolution du climat et à l’hydrologie du Rhône.
De plus, une étude complémentaire réalisée par le BRGM (Bureau de Recherches Géologiques et Minières) en 2024 présente la première cartographie à l’échelle de l’Europe de la subsidence côtière. Cette recherche met en évidence que près de la moitié des zones côtières de basse altitude en Europe connaissent une subsidence supérieure à 1 mm par an en moyenne, amplifiant ainsi les risques liés à l’élévation du niveau de la mer.
Comme le soulignent les chercheurs, bon nombre de ces régions, notamment des sites célèbres comme Venise, Istanbul et Alexandrie, sont déjà confrontées à une lutte acharnée contre la montée des eaux. La disparition de ces villes historiques, ainsi que l’impact sur les populations locales, pourraient être dévastateurs si des mesures ne sont pas prises rapidement.
Les études mettent également en évidence une réalité préoccupante : de nombreuses personnes vivant le long des côtes méditerranéennes ne sont toujours pas conscientes de l’affaissement des sols et des risques associés à la montée du niveau de la mer.
Ce manque de sensibilisation pourrait entraîner un manque de préparation aux changements à venir, en particulier pour les infrastructures locales, les sites du patrimoine culturel et les moyens de subsistance des populations.
La nécessité d’une meilleure sensibilisation du public et de stratégies d’adaptation n’a jamais été aussi urgente.
La région méditerranéenne, riche d’une histoire culturelle et d’écosystèmes divers, est engagée dans une course contre la montre. L’impact du changement climatique et de l’affaissement des terres pourrait avoir des conséquences de grande envergure qui nécessitent une attention immédiate.
Cela nous rappelle que dans la lutte contre le changement climatique, nous ne pouvons pas nous contenter de nous concentrer sur un seul facteur ; c’est l’interaction de divers éléments, comme l’affaissement, l’élévation du niveau de la mer et l’activité humaine, qui façonnera l’avenir de ces zones côtières.
Face à ces risques croissants, la nécessité de solutions durables et d’une coopération mondiale n’a jamais été aussi pressante. Il appartient aux gouvernements et aux particuliers de s’informer et de travailler ensemble pour protéger ces régions vulnérables avant qu’il ne soit trop tard.