La mer Morte est-elle vraiment morte ?
26 août 2022
26 août 2022
LES VICTOIRES DE L’ÉCOLOGIE (5/6) – En 1975, le commandant Cousteau prédisait, d’ici à quelques décennies, la mort de la Méditerranée, menacée par la pollution marine et terrestre. Mais 40 ans plus tard, la mer qui sépare l’Europe et l’Afrique revit.
Non, et cela malgré une eau huit fois plus salée que celle des autres mers et océans du globe.
Jusqu’en 2019, les scientifiques estimaient qu’à l’exception des archées, rien ne prospérait dans la mer Morte : ni les plantes, ni les poissons, ni les mammifères. Avec les eucaryotes (hommes, animaux, plantes, champignons) et les bactéries, les archées sont la troisième forme de vie sur Terre. Composée d’une seule cellule sans noyau, leur anatomie est des plus sommaires. Et pourtant : certaines résistent au dessèchement, aux rayons X, à l’absence d’oxygène, ou encore au passage de l’eau douce à l’eau fortement salée, comme dans la mer Morte.
En 2011, des cratères de 15 mètres de diamètre expulsant de l’eau douce y ont été découverts à 30 mètres sous la surface avec, tout autour, un tapis d’archées – entre 1 000 et 10 000 par millilitre d’eau. Du fait de sa salinité, peu de plongeurs osent s’aventurer dans la mer Morte. Il aura donc fallu attendre près de dix ans pour qu’une nouvelle étude mette au jour, contre toute attente, la présence de bactéries dans les sédiments. Elles se nourriraient d’archées mortes, seule source de carbone disponible.
Mais si la teneur en sel continue d’augmenter, comme c’est actuellement le cas, toute forme de vie pourrait bien finir par disparaître.