Microdrones sous-marins, utilisation de l’énergie des vagues, de l’intelligence artificielle, solutions nutritionnelles à base de plancton, production de gambas locales… Trente-cinq start-up françaises ont été retenues pour faire partie de la première édition de l’ « Index french blue tech »
. La liste est dévoilée en exclusivité ci-dessous et lors d’une soirée spéciale organisée ce lundi 18 décembre au musée de la Marine, à Paris, en présence des représentants de ces start-up, du secteur maritime, d’une centaine d’investisseurs, et du secrétaire d’État chargé de la mer, Hervé Berville.
Lancé par le Cluster maritime français (CMF), en partenariat avec la banque Indosuez et le marin, ce concours de start-up donne un coup de projecteur à un univers dynamique, mais qui pâtit de sa particularité. Environ 80 % des start-up du secteur maritime sont en région sur le littoral, dans l’Hexagone et en outre-mer, tandis que 80 % des financeurs sont à Paris. Il faut connecter ces deux univers
, souligne Cyrille P. Coutansais, directeur du département recherches au Centre d’études stratégiques de la marine (CESM) et l’un des cinq membres du comité de pilotage du projet.
Plus de 1 200 start-up françaises s’attaquent à des problématiques qui touchent notamment le secteur maritime, selon la société de gestion de fonds d’investissement Go capital. Les aider à obtenir des financements en France relève d’ un enjeu de souveraineté important. La France a su faire monter de grands acteurs mondiaux du secteur maritime. Face aux enjeux actuels dont le climat ou les fractures géopolitiques, nous avons pris du retard dans les levées de fonds. Des start-up n’arrivent pas à se financer. Nous devons monter en puissance dans les financements, pour les faire monter en gamme à l’international.
Des jeunes pousses crédibles et prometteuses
Déjà bien soutenues par les pôles de compétitivité français, les start-up bénéficient désormais, à travers cet index, d’un classement qui doit leur permettre de se distinguer face aux investisseurs. S’ils ne donnent pas de chiffre précis, les organisateurs évoquent énormément de candidatures reçues
lors de l’appel ouvert de fin octobre à fin novembre, toutes de grande qualité
. Les dossiers des jeunes pousses ont été épluchés par un jury composé de représentants du monde de l’innovation et du maritime : Armateurs de France, Blue living lab, Direction générale des affaires maritimes, de la pêche et de l’aquaculture (DGAmpa), Evolen, Groupement des industries de construction et activités navales (Gican), Ifremer, Marine nationale, pôles Mer…
Les critères de sélection ont inclus le caractère innovant, la viabilité économique, l’équipe dirigeante, l’impact sur l’environnement, etc. Nous avons retenu les start-up les plus crédibles et les plus prometteuses réparties dans sept catégories
, souligne Nathalie Mercier-Perrin, présidente du Cluster maritime français. Le CMF accompagnera ces jeunes pousses pendant un an à travers de nouvelles rencontres avec des investisseurs, de la visibilité dans les médias, etc.
Il est cependant impératif de réduire les délais entre le développement de preuves de concept et la commercialisation, afin d’être compétitif. L’implication des investisseurs, publics comme privés est donc clé
, note Nathalie Mercier-Perrin. C’est un point de départ. Nous continuerons d’accompagner les start-up et pas seulement celles retenues cette année. L’objectif est que cet index évolue
, précise Alexandre Luczkiewicz, directeur du développement technologique et réglementaire du CMF.
Les 35 start-up retenues dans l’Index french blue tech par catégorie :
Alimentation
Agriloops – Ille-et-Vilaine – Agriloops a développé une nouvelle technologie pour produire localement des gambas, sans antibiotiques ni congélation, et différents coproduits.
Biocéanor – Alpes-Maritimes – Ce pionnier de la prévision de la qualité de l’eau marie expertise biologique et intelligence artificielle pour améliorer les décisions en aquaculture.
Inalve – Alpes-Maritimes – Inalve produit des microalgues pour contribuer à une aquaculture plus performante et plus responsable au service de la sécurité alimentaire et de la préservation des océans.
Lisaqua – Loire-Atlantique – Lisaqua développe une technologie unique et brevetée permettant d’élever des gambas sans antibiotiques, sans rejets polluants, dans des fermes aquacoles indoor, à proximité des lieux de consommation.
Seaducer – Charente-Maritime – Seaducer conçoit et distribue des solutions automatisées destinées à l’ostréiculture qui permettent d’optimiser la qualité, la productivité et de diminuer la pénibilité du métier.
Énergie
Airaro – Polynésie française – Airaro ambitionne de déployer la technologie Swac issue de l’énergie thermique des mers (ETM) à l’export, d’en achever l’optimisation industrielle et de développer la première centrale ETM à Tahiti.
Blade sense – Finistère – Blade sense développe de nouveaux capteurs qui communiqueront des données sur les pales d’éoliennes. L’ambition est de réduire le coût de l’énergie des éoliennes par la réduction des coûts de maintenance et l‘amélioration des performances.
Seaturns – Gironde – Seaturns développe une solution houlomotrice, qui produit de l’électricité à partir de l’énergie des vagues.
Solarinblue – Héraut – Solarinblue est la start-up française leader et pionnière du solaire photovoltaïque offshore. Sa technologie permet de libérer le solaire photovoltaïque des compétitions d’usage sur le foncier terrestre en mettant en valeur des espaces maritimes.
Sweetch energy – Ille-et-Vilaine – Sweetch energy vise à exploiter l’énergie osmotique (renouvelable, massive et non-intermittente) à grande échelle, en valorisant l’énergie dégagée dans les estuaires de la planète.
Environnement et biodiversité
AEL – Nouvelle-Calédonie – AEL est spécialisée depuis 10 ans dans l’acquisition de données destinées à la surveillance de la qualité chimique des eaux douces et marines. L’objectif est de rendre les suivis environnementaux plus robustes et d’en réduire leurs coûts pour une meilleure prise de décision.
Pollustock – Alpes-Maritimes – Pollustock est spécialisée dans le développement, la fabrication, la pose et l’exploitation de solutions innovantes dédiées à la préservation des milieux aquatiques contre les pollutions d’origines anthropiques.
K-Ren – Héraut – K-Ren a développé une solution alternative aux opérations annuelles de carénage des bateaux, supprimant l’utilisation de peintures antifouling toxiques. La housse de protection antifouling protège la propreté de la coque du bateau en respectant les eaux portuaires.
Greenov-ites – Morbihan – Greenov-ites développe des technologies pour réduire les impacts humains sur les écosystèmes marins.
Seacure – Bouches-du-Rhône – Grâce au procédé breveté Geocorail, Seacure lutte contre l’érosion côtière, pour la défense du trait de côte.
Numérique et souveraineté
Deess – Alpes-Maritimes – Deess propose une solution d’inventaire et de suivi des écosystèmes de fond de mer qui industrialise l’imagerie optique et la reconstruction photogrammétrique du benthos sur de grandes superficies.
Eyegauge – Paris – Eyegauge a créé une plateforme de données de flotte unifiée qui aide les armateurs et les affréteurs à réduire la consommation de carburant et les émissions.
Fosina – Hauts-de-Seine – Fosina utilise les fibres optiques déjà déployées dans les océans pour capter une multitude d’événements pouvant avoir lieu le long des fibres afin d’aider les différents opérateurs à surveiller leurs infrastructures et leur environnement.
Sinay – Calvados – Sinay est expert dans la collecte et l’analyse des données maritimes. Avec 350 téraoctets et 60 algorithmes d’intelligence artificielle, la société aide les acteurs de la pêche, de l’éolien en mer et du transport maritime à optimiser leurs performances opérationnelles et environnementales.
Spinergie – Paris – Spinergie est une plateforme tech maritime basée sur l’intelligence artificielle qui mesure, évalue et optimise les performances des navires et des opérations maritimes pour améliorer leur impact environnemental et opérationnel.
Robotique
Elwave – Loire-Atlantique – Spécialisée dans la conception, le design et la fabrication de capteurs sous-marin électriques, Elwave offre un nouveau mode de perception aux drones sous-marins pour décarboner les opérations maritimes.
Forssea robotics – Paris/Héraut – Forssea robotics développe et opère un robot d’inspection sous-marine pour les industries côtières, notamment pour la maintenance des fermes éoliennes.
Marine tech robotics – Var – Marine tech conçoit des drones de nouvelle génération dotés d’autonomie décisionnelle pour acquérir des données en haute résolution dans tout l’espace maritime (air, surface et sous marin).
RTsys – Morbihan – RTsys allie l’acoustique pour communiquer et se positionner de façon précise sous l’eau, et les robots sous-marins autonomes portables pour opérer à de grandes profondeurs et en autonomie grâce à l’intelligence embarquée.
Seaber – Morbihan – Seaber conçoit et fabrique des microdrones sous-marins capables de naviguer jusqu’à une profondeur de 300 mètres. Objectif : démocratiser leur usage dans le domaine océanographique.
Santé-biotech-cosmétiques
Algra biologics – Morbihan – Alga biologics produit des anticorps thérapeutiques via un système innovant de bioproduction utilisant des microalgues marines. Le procédé réduit les coûts de production, améliore la qualité des anticorps et l’empreinte environnementale.
Algosource – Loire-Atlantique – Algosource extrait et valorise les molécules actives des microalgues pour des produits de santé préventifs 100 % naturels.
Olgram – Morbihan – Olgram extrait une molécule d’une algue afin de créer un médicament pour guérir les défaillances du système immunitaire consécutives à un traumatisme crânien.
Perha pharmaceuticals – Finistère – S’inspirant de substances naturelles d’origine marine, Perha pharmaceuticals développe des candidats médicaments contre les maladies d’Alzheimer, de Parkinson, la trisomie 21 et la surdité.
Planktovie – Bouches-du-Rhône – Planktovie développe et commercialise des solutions nutritionnelles à base de plancton marin destinées aux laboratoires de recherche publics et privés.
Transport et décarbonation
Ayro – Paris – Ayro produit les Oceanwings, des ailes rigides automatisées conçues pour décarboner le transport maritime.
FinX – Paris/Seine-Maritime – FinX conçoit des moteurs de bateaux sans hélice, à nageoires, électriques et made in France, une proposition nouvelle qui vise une cohabitation harmonieuse avec la biodiversité.
Bluefins – Finistère – Bluefins développe des systèmes de propulsion pour décarboner le transport maritime, en réduisant la consommation de carburant des grands navires, donc leurs émissions et les coûts associés, d’au moins 20 %.
Neptech – Bouches-du-Rhône – Neptech conçoit des navettes fluviales et maritimes à propulsion électro-hydrogène et développe des innovations afin de réduire au maximum l’impact des navires.
Syroco – Bouches-du-Rhône – Syroco agit pour la transition énergétique du transport maritime. Elle propose aux armateurs et opérateurs de navires de commerce une solution pour évaluer et réduire la consommation de fuel et les émissions de leurs flottes.
Source: Le Marin