« La Grande Mer », de David Abulafia: les Méditerranéens dans toute leur pluralité
16 décembre 2022
16 décembre 2022
Dans son foisonnant ouvrage, le chercheur britannique retrace l’histoire millénaire des riverains de la Méditerranée, en soulignant la diversité de leurs expériences.
L’histoire de l’humanité est-elle gouvernée par des forces naturelles qui la dépassent, comme la géographie, le climat, les épidémies ? David Abulafia, dans La Grande Mer (paru en anglais en 2011), choisit d’étudier la Méditerranée, entité géophysique d’apparence immuable. Cet objet n’est pas innocent : l’universitaire britannique s’attaque à un monument de la pensée historique, la thèse que Fernand Braudel soutint en 1947, La Méditerranée et le monde méditerranéen à l’époque de Philippe II (Armand Colin, 1949). Pour Braudel, qui refusait la conception événementielle de l’histoire, le milieu physique définissait un temps long l’emportant toujours sur les péripéties politiques. David Abulafia renverse la perspective et place les humains au centre de son récit.Article réservé à nos abonnés
Son ambitieux parti pris – dessiner une fresque courant des temps préhistoriques à nos jours – se révèle une réussite. Plutôt que de rechercher à toute force un éternel méditerranéen, l’historien souligne la diversité des expériences d’échange, de conflit et de coexistence entre populations, à toutes les époques. Retraçant les continuités et les ruptures, il décrit l’évolution des sociétés avec un plaisir narratif réjouissant, dans un récit foisonnant de personnages et de vie.