La France, une nation polaire
10 janvier 2025
10 janvier 2025
L’Arctique est une sentinelle du changement climatique au niveau planétaire. Elle revêt donc un intérêt scientifique pour l’humanité tout entière.
Dotée d’une tradition multiséculaire d’exploration et d’expédition dans les régions de hautes latitudes, la France est le premier pays à installer, dès 1963, une base de recherche scientifique dans l’archipel arctique du Svalbard où elle partage une base permanente avec l’Allemagne dans le village scientifique international de Ny-Ålesund. Elle dispose également d’une base annexe, la base Jean Corbel, spécialisée dans les mesures de physico-chimie, de l’atmosphère et de glaciologie, pouvant accueillir en été huit personnes.
En 2000, la France acquiert un statut d’observateur au Conseil de l’Arctique, créé par la déclaration d’Ottawa de 1996. Signée par les huit États de la zone, elle constitue l’enceinte politique de coopération régionale référente sur les questions arctiques. En novembre 2008, alors qu’elle a pris la présidence de l’Union européenne, la France organise, à Monaco, une conférence internationale sur l’Arctique, donnant naissance à l’Observatoire scientifique de l’Arctique. Lancé en 2010, il coordonne quelque 400 chercheurs dans les domaines des sciences de la Terre, des sciences de l’environnement et des sciences humaines et sociales. Dans les zones polaires, les infrastructures terrestres et les moyens logistiques français sont gérés par l’Institut polaire français Paul-Emile Victor (IPEV).
Stratégie polaire de la France jusqu’en 2030
Une première dans l’histoire du pays. Présentée le 5 avril 2022 par Olivier Poivre d’Arvor, ambassadeur chargé des pôles et des affaires maritimes, la stratégie polaire 2030 est une véritable feuille de route polaire axée sur le renouveau de la recherche scientifique. Déployée dans le cadre du Comité interministériel de la Mer et des Pôles (CIMER-POLES), elle sert la coopération européenne et internationale aux pôles Nord et Sud, où la France est impliquée. L’un des principaux objectifs de cette stratégie est d’offrir plus de moyens à la recherche, face à la menace du dérèglement climatique en Arctique. La stratégie polaire à horizon 2030 se décline en cinq grands chapitres. Premier axe : porter une stratégie polaire globale et d’équilibre (en fait partie le lancement d’une « Décennie des mondes polaires » qui pourrait se dérouler de 2025 à 2035). Deuxième axe : soutenir à l’échelle européenne et internationale une recherche au long cours, innovante et exemplaire. Troisième axe : définir un dispositif et des moyens renforcés pour la science dans les mondes polaires (il est fait mention de la création d’une fondation française pour les pôles).
Le quatrième axe est celui qui concerne particulièrement l’Arctique : la stratégie prévoit un triplement des moyens consacrés à l’Arctique, poussant le gouvernement à installer une nouvelle base scientifique au Groenland et à construire un nouveau navire océanographique pouvant naviguer dans ces zones froides, le renforcement de la présence française au Conseil de l’Arctique, la protection de l’environnement et du développement durablement (qui se traduirait pas l’arrêt de l’exploitation des énergies fossiles au pôle Nord), d’investir les cercles de réflexion et manifestations internationales, de retrouver un niveau ambitieux de recherche et d’échanges académiques, de disposer de nouvelles structures à terre comme en mer et enfin la valorisation de la présence scientifique à Saint-Pierre-et-Miquelon. Le cinquième axe concerne la protection de l’Antarctique.
Cette stratégie a donné lieu à une proposition de loi de programmation polaire, dont la première lecture a eu lieu au Sénat le 26 octobre 2023, suivie du One Polar Summit en novembre 2023.