La fausse solution de Ravenne

L’ONG italienne ReCommon, partenaire de l’Observatoire des multinationales, se penche sur le premier projet de captage et de stockage du carbone (CSC) promu par Eni et Snam en Émilie-Romagne, et en souligne les zones d’ombre. Le,projet pourrait connaître dans un second temps une expansion jusqu’à la France, à travers le projet Callisto.

Le projet « Ravenna CCS » est le premier projet de captage et de stockage du dioxyde de carbone (CSC) en Italie. Il est proposé par les deux principales entreprises italiennes du secteur des énergies fossiles, toutes deux contrôlées par l’État italien, Eni et Snam : la première est active dans l’extraction et le traitement du pétrole et du gaz, la seconde est un leader européen du transport de gaz et l’un des principaux partisans de la prétendument « nécessaire » transition vers l’hydrogène.

Depuis la première proposition avancée par Eni en 2021, dans le cadre du Plan national de relance et de résilience (PNRR), le projet a évolué, reliant le site offshore de capture et de stockage du carbone à une série d’infrastructures en mer et sur terre visant à collecter et à transporter du CO2 depuis les régions d’Émilie-Romagne et de Vénétie vers l’usine d’Eni à Casalborsetti, dans la province de Ravenne.

À Casalborsetti se trouve une centrale électrique où est collecté et traité le gaz extrait par Eni de différents gisements offshore du nord de la mer Adriatique. Cette centrale est la première à laquelle Eni applique la technologie de captage du CO2 et, en réutilisant des pipelines existants et réaffectés, souhaite transporter 25 000 tonnes de CO2 par an vers le champ gazier Mare Ovest de Porto Corsini, qui est épuisé.

Gigantisme

Ravenna CCS est donc lié au projet « CCS Pianura Padana – réseau de transport du CO2, pipelines Ferrara-Casalborsetti et Ravenna-Casalborsetti » (« CCS Pianura Padana »), qui prévoit la construction d’une station de compression à Casalborsetti, où sera acheminé le CO2 collecté dans les zones industrielles de Ferrare et de Ravenne (et de Marghera à un stade ultérieur), à travers un réseau d’environ 100 kilomètres de pipelines dédiés au transport du CO , qui est presque entièrement à construire.

La collecte du CO2 dans les usines se ferait dans la phase dite phase 2, ou phase industrielle du projet, à partir de 2027. Dans cette phase 2, Eni et Snam s’engagent à transporter et à stocker, cette fois de façon permanente, jusqu’à 4 millions de tonnes de CO2 par an d’ici à 2030.

Mais les rêves de « gigantisme » vont plus loin, avec une expansion internationale dans le cadre du projet Callisto en partenariat avec la société française Air Liquide. Callisto prévoit la liquéfaction et le transport par bateau du CO2 collecté dans le centre industriel de la vallée du Rhône, à Marseille et à Fos, vers les champs offshore d’Eni au large de Ravenne. Dans sa forme transnationale, le projet s’inscrit dans le cadre des projets européens d’intérêt commun, sera éligible à un financement et impliquera le déplacement et le stockage d’un maximum de 16 millions de tonnes de CO2 par an.

Source: multinationales