Jamais connu une crise comme celle-ci » : les ostréiculteurs frappés de plein fouet par le réchauffement climatique

Depuis qu’il s’est lancé dans l’ostréiculture, à l’âge de 15 ans, Tony Brin n’a jamais vu ça. « On travaille à perte. J’ai commencé à 15 ans ce métier, je n’avais jamais connu une crise ostréicole comme celle-ci », explique au 20H de TF1 l’ostréiculteur qui exerce sur l’île de Ré. Chaque année, il constate une véritable hécatombe au sein de ses cultures : il perd une centaine d’huîtres.

« Depuis dix ans, on voit qu’il y a un vrai problème pour garder nos huîtres vivantes. On est entre 30 à 50% de mortalité globale, ce qui est énorme », explique-t-il. 

Il n’y a pas d’autre solution que d’essayer de s’adapter 

Fany Marié, ostréicultrice

En cause : la température de l’océan qui ne fait qu’augmenter, peu importe la saison, à cause du réchauffement climatique« Quand on a des températures au mois de décembre à 17°C, ce sont des températures du mois d’avril », soupire Tony Brin. Les huîtres grandissent donc trop vite, et leur coquille est extrêmement fragilisée. 

Pour les nettoyer, les huîtres doivent obligatoirement passer dans des bassins de décontamination. Mais, en raison du circuit fermé, l’eau des bassins atteint parfois des températures encore plus élevées qu’en mer. « Si ça atteint les 30°C, toutes les huîtres meurent. Et quand on perd des bassins entiers d’huîtres, c’est très compliqué », détaille Fany Marié, ostréicultrice aux « Saveurs nacrées ».

L’ostréicultrice a donc investi 40.000 euros dans un système de réfrigération, pour maintenir la température dans les bassins à 14°C. Un coût auquel vient s’ajouter 400 euros mensuel d’électricité. « Forcément, c’est un coût important mais il n’y a pas d’autre solution que d’essayer de s’adapter si on veut commercialiser les huîtres en été. Avec la montée des températures, on n’aura plus de choix », assure, fataliste, Fany Marié.

La solution de l’algue rouge

En plus des températures trop élevées, l’océan devient plus acide, ce qui attaque la coquille des huîtres, principalement composée de calcaire. Pour pallier ce problème, des scientifiques travaillent à une solution : les algues rouges. Ces dernières se développent déjà naturellement sur les poches à huîtres. « Ces algues rouges, à proximité des huîtres, vont permettre de limiter l’acidification de l’eau de mer », explique ainsi Pierrick Barbier, référent scientifique aquaculture chez Capena.

À terme, ces algues rouges pourraient même devenir un complément de revenus pour les ostréiculteurs qui choisiraient d’en produire. « Ces feuilles d’algues vont être utilisées notamment dans la fabrication de sushis mais aussi dans les cosmétiques. L’objectif est d’arriver à produire et développer cette culture sur les poches à huîtres pour que les professionnels puissent revendre cette production », assure Cédric Hennache, chargé d’étude de pêche et environnement chez Capena.

Les algues rouges pourraient-elles sauver les huîtres françaises ? Cette expérimentation doit en tout cas être testée, à grande échelle, en 2025.

Source: tf1info