Insolite : les excréments de poissons peuvent-ils sauver les coraux ?

 

Alors qu’on les pensait nocifs pour les récifs, certains poissons mangeurs de corail ont finalement un rôle à jouer dans la préservation de cet écosystème menacé. Tout réside dans la composition de… leurs excréments !

Comment les poissons « corallivores », autrement dit qui se nourrissent de corail, peuvent-ils participer à la préservation de cet écosystème menacé ? Aucune contradiction dans cette question, bien au contraire : la réponse réside dans la composition des excréments de ces poissons qui, répandus dans l’océan, peuvent faire prospérer d’autres récifs. Une sorte de cercle vertueux que nous vous expliquons dans cet article, à lire si possible en-dehors de vos repas…

 

Merci les « probiotiques » !

 

Le poisson-globe, le poisson-perroquet ou encore le poisson-papillon, en tant que poissons « corallivores », n’ont au premier coup d’œil pas forcément bonne presse chez nos amis les coraux, puisqu’ils sont leurs principaux prédateurs. Lorsque la densité de population de poissons mangeurs de corail est forte, il est en effet logique de penser que le récif corallien (les squelettes calcaires édifiés par les coraux, qui sont des animaux) est fragilisé. Et pourtant, le régime alimentaire des corallivores n’est pas nécessairement nocif à l’écosystème.

Une étude scientifique réalisée par des chercheurs de l’université de Rice, au Texas, et publiée dans la revue Frontiers in Marine Sciencemontre en effet que les excréments de ces poissons pourraient préserver la santé des récifs coralliens. Comment est-ce possible ? En fait, les corallivores mangent du corail à un endroit précis du récif, puis vont répandre leurs excréments dans d’autres zones dans l’océanDans la composition de leurs matières fécales apparaissent des « bonnes bactéries », des microbes bénéfiques appelés probiotiques, qui vont aider le corail à prospérer dans d’autres parties de l’océan : il s’agit d’une sorte de cercle vertueux.

 

Quid des poissons herbivores ?

 

Les chercheurs, pour aboutir à ce résultat, ont mené des expériences en laboratoire, en versant dans l’eau des excréments de différents poissons (corallivores ; herbivores, se nourrissant d’algues ; et détritivores, se nourrissant de détritus d’animaux ou de végétaux) : les matières fécales étaient soit fraîches, soit stérilisées par la chaleur, dans le but de tuer tous les microbes qu’elles contiennent (une sorte d’étalon, pour étudier l’impact des microbes présents dans les selles fraîches).

Le résultat est étonnant : les selles fraîches (contenant des microbes) des poissons herbivores et détritivores provoquent des lésions bien plus fréquentes sur le corail, et surtout beaucoup plus grandes (4,2 fois environ) que celles causées par les selles stérilisées. Concrètement, contrairement à ce que l’on pouvait penser, ces poissons n’améliorent pas du tout la santé des récifs : ils ne les nettoient pas et rejettent à l’inverse dans leurs selles des bactéries pathogènes à l’origine de légions mortelles sur les coraux.

 

Quant aux matières fécales fraîches des corallivores, elles ne causent pas de lésions plus fréquentes ou plus grandes que celles stérilisées : au contraire, elles contiennent des bactéries pathogènes moins nombreuses et des probiotiques deux fois plus nombreux que leurs cousines provenant des herbivores et des détritivores. Les scientifiques expliquent toutefois que de nouvelles expériences doivent être menées en milieu naturel pour valider ces résultats. Par ailleurs, des éléments naturels tels que la houle et la présence d’autres animaux marins peuvent aussi influencer ces mêmes résultats. Des études qui seront quoiqu’il arrive à scruter pour tenter de sauver les récifs coralliens en péril, notamment autour de l’Australie

Source: .tameteo