Incendie sur l’île Amsterdam : ce qu’il faut savoir sur ce coin de France du bout du monde

 

Depuis le 15 janvier 2025, l’île Amsterdam, possession française dans la région antarctique, est la proie des flammes. Une mission comprenant des pompiers doit partir de La Réunion pour dresser un état des lieux de cette petite île d’une grande importance stratégique.

Depuis le 15 janvier 2025, l’île Amsterdam, aux confins des Terres australes et antarctiques françaises (Taaf), brûle sans que personne puisse rien y faire. Ni les 31 militaires et scientifiques de la base Martin-de-Viviès, qui ont été évacués dans la foulée. Ni les autorités françaises, dont la présence la plus proche est à La Réunion, à plus de 2 700 km.

À vrai dire, personne ne sait si l’incendie est encore en cours. Nul ne peut dire ce que trouvera l’équipage d’experts des Taaf et de pompiers qui partira de La Réunion cette semaine et qui mettra six jours à arriver. On sait seulement que près de la moitié de cette petite île a brûlé.

 

► L’une des îles les plus isolées au monde

 

L’île Amsterdam est sortie de l’océan il y a environ 100 000 ans. C’est une île volcanique qui, à défaut d’un cratère, impressionne par ces falaises hautes de 700 mètres. À peine plus grande que Noirmoutier avec 58 km2, l’île est aussi considéré comme l’une des plus isolées au monde.

À mi-chemin entre La Réunion, l’Australie et l’Antarctique, l’île bénéficie d’un climat océanique plutôt doux. Il y neige peu et durant l’été austral il peut y faire une vingtaine de degrés.

Incendie sur l’île Amsterdam : ce qu’il faut savoir sur ce coin de France du bout du monde

Du fait de son isolement, on y trouve plusieurs espèces endémiques comme l’arbre Phylica arborea (qu’on ne retrouve que sur l’île Tristan da Cunha) et l’albatros d’Amsterdam, l’une des 100 espèces les plus menacées au monde. L’incendie, d’une intensité inédite, pourrait ainsi avoir des conséquences catastrophiques pour la biodiversité. Au même titre que les autres Taaf, Amsterdam est classée depuis 2019 au patrimoine mondial de l’Unesco.

 

► Un emplacement stratégique sur la route des Indes

 

La première fois qu’un regard s’est porté sur l’île, c’était le 18 mars 1522. C’est ce qu’indique le journal de bord de l’expédition menée par Magellan pour faire le tour du monde. De retour des Philippines, orphelin de son mythique capitaine, l’équipage aperçoit l’île sans pour autant y accoster. Il faut bien dire que les falaises escarpées de l’île la rendent très inhospitalière.

Si l’île Amsterdam est loin du monde, elle est très proche des premières routes maritimes reliant l’Europe à l’Indonésie. Les Néerlandais, qui occupaient à l’époque une vaste partie des « Indes orientales » en firent même un point de repère sur la route de Batavia. C’est donc en référence à un navire hollandais que l’île a reçu son nom en 1633. Il faudra encore attendre 1696 pour qu’un navigateur batave prenne la peine d’y débarquer.

 

► Une conquête française en plusieurs étapes

 

En 1842, pensant découvrir cette île inconnue des Français, le capitaine d’origine polonaise Adam Mierosławski envisage de la conquérir. Après avoir reçu le feu vert du gouverneur de l’île Bourbon (actuelle Réunion), il prend possession de l’île déserte en juillet 1843.

Aussitôt déclarée, cette appropriation est contestée par les Britanniques. Pour éviter un problème diplomatique et vu la pauvreté de l’île Amsterdam, le gouvernement français cède. Adam Mierosławski décide, lui, de rester sur l’île. À travers différentes entreprises commerciales, il essaiera dix ans durant de maintenir une présence française sur place, en vain.

Officiellement reprises en 1892 par la France, l’île Amsterdam et sa voisine, l’île Saint-Paul, sont rattachées en 1924 à la province française de Madagascar. En 1955, l’île ainsi que plusieurs de ces lointaines voisines sont rattachées aux Taaf nouvellement créees. Une manœuvre qui permet notamment de la détacher de l’administration de Madagascar, appelée à devenir indépendante quelques années plus tard.

 

► Une importance scientifique majeure

 

Depuis 1949, l’île accueille une base météorologique unique au monde. Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, on mesure l’importance stratégique de connaître la météo, partout sur le globe. Au fil des années, d’autres recherches sont menées et la base s’agrandit au point de pouvoir accueillir une trentaine de personnes.

Son isolement exceptionnel, qui a longtemps été un fardeau, est devenu aujourd’hui un atout scientifique majeur. Avec la base du volcan Mauna Loa, à Hawaï, la base Martin-de-Viviès est la seule au monde à prendre la mesure de la pollution de l’atmosphère terrestre au plus loin de toute activité humaine.

Les données qu’elle fournit permettent de mesurer l’évolution de la concentration des gaz à effet de serre et de mieux comprendre le dérèglement climatique. Pour l’heure, il semblerait que les bâtiments de la base soient intacts. En revanche, certaines infrastructures stratégiques ont d’ores et déjà disparu.

Source : La Croix