Il existe une charte pour aider les villes à lutter contre le plastique sur leurs plages
10 janvier 2025
10 janvier 2025
La pollution plastique est devenue l’un des défis environnementaux les plus pressants de notre époque, et les plages, symboles de détente et de villégiature, sont particulièrement touchées par ce fléau. Pour répondre à cette problématique, le ministère de la Transition écologique a lancé la charte « Plages sans déchet plastique pour des communes littorales éco-exemplaires », abrégée en « Plages sans déchet plastique ». Il s’agit d’un dispositif visant à mobiliser les collectivités littorales dans la lutte contre les déchets plastiques en leur donnant toutes les cartes en main pour qu’elles puissent lancer rapidement des actions concrètes dans la préservation des écosystèmes marins et littoraux.
Lancée en 2020, la charte « Plages sans déchet plastique » s’inscrit dans le cadre plus général du Plan Biodiversité de 2018. Ce dernier est, pour résumer, une stratégie nationale qui ambitionne de préserver les richesses naturelles tout en assurant un avenir durable aux générations futures. C’est ainsi que dans son volet « océan », ce Plan prévoit, entre autres, un objectif plutôt ambitieux de zéro plastique rejeté en mer à l’horizon 2025 et, pour cela, s’appuie sur plusieurs mesures dont la fameuse charte.
Cette charte, très complète, a été élaborée par l’Association nationale des élus du littoral (Anel) en collaboration avec l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe), le Conservatoire de l’espace littoral et des rivages lacustres (Celrl) et l’ONG environnementale investie dans la sauvegarde des océans, Surfrider Foundation.
Pour atteindre sa finalité qui est d’encourager les actions de préservation des plages dans les communes, la charte s’articule sur trois axes principaux, à savoir :
Chaque commune signataire s’engage à mettre en œuvre des actions spécifiques dans ces domaines (5 actions par axe de travail) avec des paliers progressifs symbolisant leur engagement. Ainsi, pour 5 actions réalisées sur 15, la commune intègre le premier palier d’engagement. À 10 actions, elle atteint le second palier et finit par accéder au troisième et dernier palier avec 15 actions réalisées.
L’un des avantages de la charte est qu’elle propose des solutions concrètes au problème de la pollution plastique du littoral. On peut ainsi la voir comme un outil prêt à l’emploi, un dispositif immédiatement opérationnel, sans besoin de brainstorming ni de réunions pluriprofessionnelles pour fonctionner. Pour sensibiliser face au déchet plastique, par exemple, la charte préconise d’informer et d’éduquer le public sur les enjeux qui leur sont liés ainsi que sur leur impact sur l’environnement.
Cela va de l’affichage informatif sensibilisant aux principaux déchets retrouvés sur la plage, aux ateliers éducatifs dans les écoles, les centres de loisirs et les clubs sportifs, en passant par l’implication des commerçants dans cette boucle vertueuse en les encourageant à promouvoir des alternatives au plastique à usage unique, tout en sensibilisant leur clientèle aux enjeux qui se jouent sur le littoral.
La charte enjoint également les communes signataires à contraindre les événements se déroulant sur ou près d’une plage au zéro plastique, à y installer des fontaines d’eau potable, à distribuer des cendriers de poche (les mégots sont l’un des principaux déchets retrouvés sur les plages) ou encore à installer des vide-ordures et des bacs à marée sur le littoral. Évidemment, ces contenants devront être vidés régulièrement en fonction de l’affluence sur les plages pour éviter l’accumulation de déchets.
Étonnamment, malgré sa pertinence ainsi que les retombées positives qu’elle offre, l’adoption de la charte « Plages sans déchet plastique » reste limitée. En 2023, seules 83 communes littorales l’avaient signée, un chiffre plus que modeste qui ne représente que 8,7 % des 947 communes maritimes que compte la France. Ce désaveu pour la protection des domaines littoraux a poussé l’Anel à mettre les bouchées doubles et à se fixer un nouvel objectif : recruter la moitié des collectivités littorales de France d’ici à la fin de l’année 2025.
Si certains facteurs peuvent expliquer cette réticence des municipalités à sauter le pas, notamment le manque de ressources humaines et financières ou encore une sensibilité insuffisante aux enjeux environnementaux, il faut pourtant savoir qu’adhérer à la charte « Plages sans déchet plastique » présente plusieurs avantages qui vont bien au-delà des considérations écologiques. En effet, faire la guerre au plastique jetable et réduire son utilisation va rendre les bords de mer et même les rues moins sales. Par ricochet, cela va tout d’abord améliorer la qualité de vie des habitants, mais surtout, cela va réduire les besoins en nettoyage des plages et renvoyer une image de ville propre aux visiteurs, sans parler de celle de la municipalité engagée qui met en place des démarches durables et des idées écolos pour prendre soin de la plage.
Cette valorisation va améliorer l’attractivité du littoral, et donc de la commune, assez logique puisque des plages propres et bien entretenues attirent davantage de visiteurs tandis que des infrastructures écoresponsables (poubelles de tri, fontaines d’eau potable pour éviter l’achat d’eau en bouteille, etc.) améliorent l’expérience touristique. Et si, finalement, la fréquentation de la commune augmente, cela signifie, tout simplement, une augmentation des recettes pour la ville et ses commerçants !
Au bout du compte, la portée de la charte « Plages sans déchet plastique » dépasse de loin les enjeux environnementaux qui l’ont vu naître et s’inscrit dans une démarche bien plus globale qui concilie l’économie, l’écologie et même l’aspect social. Considérée sous tous ses angles ainsi, la charte peut être vue comme un levier puissant pour construire des territoires plus solidaires, attractifs et résilients face aux défis de demain.