Qu’est-ce qu’un glacier?

Heïdi Sevestre: Contrairement à la banquise qui se forme à la surface des océans, les glaciers se constituent sur la surface terrestre. Tel un millefeuille de glace, les couches de neige se tassent et s’accumulent. Un processus qui a lieu en haute montagne et dans les régions polaires, là où la température ne monte pas beaucoup au-dessus de 0 °C, été comme hiver. On compte près de 220 000 glaciers de montagne dans le monde et deux calottes polaires (ou inlandsis), au Groenland et en Antarctique. Sur ce continent, l’inlandsis s’étend sur 23 fois la superficie de la France et peut atteindre 4 kilomètres d’épaisseur.

Pourquoi vous fascinent-ils?

Heïdi Sevestre: Le bleu hypnotisant de la glace, la surface blanche qui brille au soleil,une impression de paillettes dans l’air… C’est merveilleux! On se croirait sur une autre planète. Par ailleurs, l’homme aussi dépend des glaciers, il est directement touché par leur disparition. C’est vertigineux. Le pied sur la glace, je ne peux pas m’empêcher de penser qu’on a encore besoin d’eux. Et pourtant, on les détruit à coups d’énergies fossiles.

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Qu’est-ce qui vous a poussée à les étudier?

Heïdi Sevestre: Originaire des Alpes, j’ai pratiqué l’alpinisme dès l’adolescence. Tout a basculé vers 17 ans, lorsque j’ai participé à la course de Chamonix à Zermatt, en Suisse. C’est là que j’ai rencontré Hubert, un guide de haute montagne. Je ne savais pas vers quelle carrière m’orienter et il m’a dit: « Tu sais, Heïdi, il y a des gens qui sont payés pour étudier les glaciers ». À ce moment précis, j’ai su exactement ce que je voulais faire.

Pourquoi est-il si important de préserver les glaciers?

Heïdi Sevestre: Réservoirs d’eau douce, les glaciers alimentent les ruisseaux et les rivières de montagne, puis les fleuves. Ils sont indispensables à l’irrigation des terres agricoles, à la gestion des barrages hydrauliques et au refroidissement des centrales nucléaires. Près de 2,5 milliards de personnes en dépendent dans le monde. De plus, leur surface blanche réfléchit le rayonnement solaire. Cela régule la température terrestre, assurant ainsi le bon fonctionnement des écosystèmes naturels. L’océan peut alors absorber le carbone: le CO2 atmosphérique qui s’y dissout naturellement. Il coule ensuite dans les profondeurs, entraîné par la densité de l’eau froide.

Imaginez- vous un monde sans glaciers?

Heïdi Sevestre: Leur fonte est plus rapide que nous l’imaginions. Au mieux, la moitié des glaciers aura disparu d’ici 2100. S’ils fondaient tous, les conséquences seraient majeures. L’élévation du niveau des mers bousculerait tous les littoraux et même les frontières. La seule fonte de l’Antarctique entraînerait une hausse du niveau de la mer d’environ 60 mètres. Mais surtout, la disparition des glaciers risque d’avoir un impact sévère sur les écosystèmes, menaçant la survie de l’humanité. L’océan rejetterait le carbone qu’il emmagasine, des phénomènes météo extrêmes seraient plus fréquents… Un tas de cercles vicieux se mettraient en marche.

Peut-on encore empêcher leur disparition?

Heïdi Sevestre: On peut encore en sauver la moitié, à condition de limiter le réchauffement climatique à 1,5 °C par rapport à l’ère pré-industrielle. Pour cela, il faut agir maintenant. Réduire son empreinte carbone, repenser sa façon de vivre avec la nature. Mais surtout, voter pour des dirigeants qui comprennent l’urgence climatique. Ce qui est extraordinaire, c’est que nous savons d’où vient le problème. À nous d’agir collectivement.

Source: Notre Temps