Environnement : avec «Bakélite», Julie Gautier poursuit sa plongée cinématographique
22 décembre 2023
22 décembre 2023
Climat Libé Tour Marseille : profil
Dès ses premiers pas dans le grand bain de la réalisation avec le court métrage Free Fall en 2010, en duo avec Guillaume Néry, l’apnéiste Julie Gautier s’est vue qualifiée d’artiste engagée, étiquette dans laquelle elle ne se retrouvait pas. Tout comme celle d’activiste, qu’elle rattache à des actions virulentes, à des luttes qui s’incarnent physiquement. Elle conçoit son combat pour la protection des océans par un prisme plus sensible : grâce à une plongée dans son imaginaire aérien et doux, elle cherche à toucher les cœurs. «Je suis plutôt passiviste. Passivement, par l’art, j’essaye de sensibiliser grâce à ce que je sais faire», s’amuse l’artiste.
Pour elle, Bakélite doit être une respiration. Julie Gautier a longtemps souffert d’éco-anxiété, mais aujourd’hui elle s’efforce de mettre de la joie dans ses combats. «Il faut se satisfaire des petits pas, être heureux en sachant qu’on va dans la bonne direction, peu importe si l’on ne va pas assez vite.» Toujours dans la douceur, la jeune femme invite à se centrer sur son propre engagement et sur sa capacité à agir sur le monde, à petite échelle. A défaut de pouvoir sauver la planète, selon la réalisatrice, il est crucial de choisir son combat. Le sien était tout trouvé : «Moi, c’est l’eau parce que c’est l’élément dans lequel je me sens bien et qui déclenche ma créativité.» Soucieuse de rappeler que tout est lié, elle souligne que la protection des océans implique une palanquée de facteurs qui s’inscrivent en amont.
Toucher un public éloigné de la cause écologique est l’un des objectifs majeurs de Bakélite, nommé ainsi en référence à la matière plastique créée au début du XXe siècle. Comme beaucoup, les chiffres inquiétants ne lui parlent pas, elle cherche avant tout à les rendre digestes et percutants en les transformant en émotions. «Par le biais de l’art, on rencontre un nouveau milieu puis on découvre la pollution marine, on est touché, on prend conscience de certaines choses et derrière, on a des solutions pour agir», revendique-t-elle. Son œuvre fraîchement dévoilée a été volontairement mise en libre-service sur Internet. «C’est un appel à tous : saisissez-vous-en !»
Cette ancienne championne et double recordwoman de France s’est retrouvée presque par hasard avec une caméra dans les mains, il y a bientôt quinze ans. Elle filme sans bouteille d’oxygène, ce qui lui permet d’être très mobile et de produire des images immersives et dynamiques. Un atout pour «retranscrire la beauté et la magie du monde réel» qui aidera à «recréer la connexion qu’on a perdue avec les océans». Julie Gautier est convaincue que par ce lien renforcé, la population sera plus à même de s’investir dans la protection des fonds marins et de la biodiversité.
Elle souhaite maintenant faire vivre Bakélite en accompagnant ses projections. Toujours dans le souci de mettre l’art au service de l’environnement, elle prépare un long métrage pour le grand écran en collaboration avec le cinéaste Jean-Albert Lièvre. Le grand saut dans la fiction pour cette nageuse aguerrie.