Plongée exceptionnelle au cœur des volcans sous-marins siciliens
20 juin 2022
20 juin 2022
Ce sont des documents rares que nous a fournis Alexis Rosenfeld. Le photographe français, qui a collaboré à de nombreuses reprises avec «Paris Match» , est allé se frotter aux volcans sous-marins qui se déchaînent dans les profondeurs de la mer Tyrrhénienne. Objectif : en savoir davantage sur l’origine de la vie sur Terre et prévenir les tsunamis. Les recherches se sont produites en Sicile, plus particulièrement au large de l’île de Panarea.
Avec l’équipe de l’UNESCO «1 Ocean, le grand témoignage sur l’Océan», le grand spécialiste de la plongée sous-marine est descendu à plus de 70 mètres de profondeur pour s’approcher des cheminées volcaniques qui crachent des gaz et des fluides brûlants. «C’est une ambiance époustouflante, où l’on est à la fois enveloppés par le silence infini de l’océan et témoin de ce spectacle dantesque, un peu comme si l’on se trouvait aux portes des enfers. On comprend alors que la Terre est vivante. Depuis la surface, on ne se doute de rien. Mais, en fait, on se trouve littéralement au-dessus d’une bombe», nous a-t-il confié.
A seulement quelques mètres de profondeur, des éruptions de gaz permanentes venant directement de la chambre magmatique du volcan s’échappent des entrailles de la Terre pour former d’impressionnants rideaux de bulles. Certaines zones dégagent plus d’un million de litres de gaz par jour. Un site «exceptionnel» a récemment été découvert lors d’une mission scientifique de l’Institut National de Géophysique et de Volcanologie (INGV) : «The smoking Land». Les nombreuses cheminées hydrothermales qui s’y trouvent expulsent des fluides acides à des températures élevées. «Les plongeurs de 1 Ocean ne peuvent travailler à de telles profondeurs qu’à l’aide de systèmes respiratoires spéciaux qui leur permettent d’explorer les fonds marins pendant plusieurs heures», expliquent les rapporteurs de la mission dans un communiqué.
Le volcanologue Francesco Italiano a observé que les fonds marins de la caldeira de Panarea étaient parsemés de taches blanches que l’on trouve généralement à la base des colonnes de gaz. Ces tâches sont en réalité des amas de bactéries qui se nourrissent principalement de carbone. Elles constituent le premier maillon de la chaîne alimentaire, la base des écosystèmes terrestres. «Panarea est un endroit unique. C’est un laboratoire naturel où beaucoup de disciplines scientifiques différentes peuvent se rencontrer et travailler ensemble», a-t-il déclaré. Avec l’Institut national de physique nucléaire (INFN) et le Centre National de Recherche (CNR), Francesco Italiano et d’autres chercheurs de l’INGV sont en train de créer une plateforme scientifique d’accueil et de partage pluridisciplinaire dont l’objectif est de recueillir et de centraliser une multitude de données en continu en Sicile.
La mission d’exploration avait également pour but de répondre à l’une des premières problématiques autour du volcanisme en Sicile : la possibilité qu’une éruption génère un tsunami de grande ampleur qui représenterait un risque majeur pour les populations de la région. «L’un des risques est la possibilité d’un tsunami. Le principal problème pour faire face à ce risque, c’est la faible distance entre les îles. Un tsunami se déplace à très grande vitesse, au minimum à 300 km/h. Un tsunami peut donc atteindre l’une des îles en seulement quelques minutes», a ajouté le scientifique italien. Face à cette éventualité, l’UNESCO travaille à un programme de formation des populations côtières. Elle annoncera son nouvel objectif mondial en la matière à l’occasion de la Conférence des Nations Unies sur les Océans, prévue du 27 juin au 1er juillet à Lisbonne, qui mettra notamment l’accent sur le pourtour méditerranéen.