«Elevez votre voix, pas le niveau des mers»

 

Le changement climatique est bien réel et il a des effets de plus en plus dévastateurs sur l’économie des pays et sur la vie et le bien-être des êtres humains. Au cours de ces dix dernières années, le dérèglement climatique et des phénomènes météorologiques extrêmes ont causé des dégâts sans précédent dans le monde, ruinant des infrastructures, perturbant l’activité économique, détruisant des emplois, brisant des vies et se révélant plus meurtriers que jamais.

Le monde du travail a des raisons de s’inquiéter.

Ce sont les petits Etats insulaires en développement qui paient le plus lourd tribut et sont les plus menacés. En effet, leur situation dans des régions sujettes aux tempêtes tropicales, leur topographie caractérisée par une faible altitude et le fait que leurs ressources en eau potable soient menacées par l’infiltration d’eau salée les fragilisent à l’extrême. Les secteurs les plus touchés – le tourisme, l’agriculture et la pêche – sont ceux dont dépend leur économie et qui emploient leurs travailleurs. En règle générale, ces petits Etats insulaires en développement ne disposent pas des ressources nécessaires pour se protéger contre ces phénomènes, fût-ce temporairement pour gagner du temps face à la montée du niveau des mers. Le changement climatique menace déjà l’existence même de nombre d’entre eux.

Ce qui se passe aujourd’hui dans les petits Etats insulaires et dans d’autres pays exposés comme le Bangladesh et les Philippines préfigure le sort qui attend la plupart des pays si la hausse de la température moyenne à la surface du globe dépasse 20 Celsius à la fin du siècle, scénario vers lequel le monde est en train de se diriger. Les études du BIT et d’autres organismes compétents tels que l’OCDE et la Banque mondiale ont toutes abouti à la même conclusion, à savoir qu’un changement climatique non maîtrisé – et potentiellement irréversible – freinera plus massivement encore la croissance économique et l’emploi.

Pourtant un avenir différent, offrant de meilleures perspectives pour le développement et l’emploi, est possible. Sur le plan social, l’écologisation de l’économie est riche de promesses : elle pourrait être un nouveau moteur de croissance, tant dans les pays avancés que dans les pays en développement, et elle pourrait être génératrice d’emplois décents, ce qui ferait grandement avancer la lutte contre la pauvreté et l’exclusion sociale.

L’écologisation des entreprises, propice à la création d’emplois verts, favorisera l’avènement d’une économie écologiquement durable, concurrentielle et à faible empreinte carbone, qui contribuera à lutter contre le changement climatique. Elle peut accroître la résilience des pays et communautés vulnérables. Si elle est bien gérée, la transition vers une économie écologiquement et socialement durable peut contribuer dans une très large mesure à la création d’emplois de meilleure qualité, à la justice sociale et à l’éradication de la pauvreté.

Dans le monde entier, l’OIT et ses mandants ont élevé leur voix pour délivrer haut et fort leur message: le développement durable n’est possible qu’avec la participation active du monde du travail. Les acteurs du monde du travail – gouvernements, employeurs et travailleurs – ne sont pas des observateurs passifs, ils sont des agents de changement, capables de concevoir de nouvelles manières de travailler qui préservent l’environnement pour les générations actuelles et futures, de faire disparaître la pauvreté et d’instaurer des conditions propices à la justice sociale en créant des entreprises durables et du travail décent pour tous.

Leur parole et leur engagement sont plus que jamais nécessaires en cette période cruciale. Au cours des 18 prochains mois, les gouvernements devront conclure un nouvel accord mondial sur les changements climatiques. Il faut que le monde du travail influe sur le processus décisionnel, il faut qu’il participe à l’écologisation des entreprises et autres lieux de travail et au renforcement de leur résilience aux changements climatiques. Le rôle que l’OIT jouera dans la transition vers un modèle de développement durable à faible empreinte carbone est ce qui distinguera son deuxième siècle d’activité du premier.

Source: ilo