D’inquiétants cas de blanchissement des coraux signalés dans le golfe d’Eilat
22 novembre 2024
22 novembre 2024
Les premiers exemples de blanchissement chez les coraux ont été répertoriés dans le golfe d’Eilat, cette année, à la suite d’une augmentation sans précédent de la température de l’eau de mer, ont annoncé des experts qui ont publié un article dans la revue universitaire israélienne Ecology & Environment.
Une découverte inquiétante qui intervient après des années de rapports précautionneux qui indiquaient que les coraux du sud d’Israël – célèbres dans le monde entier – résistaient aux défis posés par la hausse de la température de l’eau de mer, une hausse liée au changement climatique, et qu’ils pourraient servir de réserve pour les récifs situés ailleurs sur le globe et qui ont, pour leur part, subi des épisodes de blanchissement massif.
S’ils représentent moins d’un pour cent de la surface de la terre, les récifs coralliens tropicaux abritent au moins 25 % des espèces marines connues.
Le tourisme dans la ville d’Eilat est soutenu par ses récifs coralliens.
Les coraux vivent en symbiose avec de minuscules algues, les premiers leur offrant le gîte et le couvert, tandis que les secondes leur fournissent de la nourriture grâce à la photosynthèse.
Lorsque la température de l’eau dépasse un seuil critique, les coraux expulsent les algues et leur squelette blanc devient visible, d’où le terme de « blanchissement ». Si les conditions nécessaires à leur épanouissement ne se rétablissent pas rapidement, les coraux finissent par mourir de faim.
Les données enregistrées dans le cadre d’un programme national de surveillance de la baie d’Eilat montrent que la température maximale quotidienne moyenne de l’eau, au mois d’août, a été de 30,6 degrés Celsius – contre une moyenne pluriannuelle de 28,2 degrés pour les mois d’août dans la période allant de 2007 à 2023. La température maximale journalière moyenne, entre le 12 juillet et le 12 septembre, a été de 30,4 degrés. Le 4 août, le mercure a atteint les 31,9 degrés.
De plus, des vents faibles et une stagnation de l’air ont empêché les couches d’eau de mer plus froides de remonter, laissant les couches supérieures anormalement chaudes.
Les premiers rapports sur le blanchissement, reçus le 12 août, concernaient le corail de feu, Millepora dichotoma. Dans les semaines qui ont suivi, le phénomène a été observé sur plus de 10 espèces de coraux et sur des lys de mer, un genre d’invertébré marin.
Les scientifiques étudient actuellement l’ampleur du blanchissement et le taux de récupération et de mortalité des coraux, a indiqué l’article.
« Si la résilience des coraux du golfe d’Eilat est élevée et qu’elle est unique au monde, il s’avère qu’elle a aussi une ligne rouge et il est probable qu’un seuil de bascule ait été atteint par le système des récifs, cette année », a mis en garde l’article.
Selon les auteurs, d’autres caractéristiques de l’eau de mer – comme, par exemple, les excès de nutriments provenant de la saumure des usines de dessalement et de l’aquaculture, ainsi que les traces de résidus pharmaceutiques décelées dans les coraux eux-mêmes – ont exacerbé les effets de la chaleur.
Selon l’article, ce sont environ 26 tonnes d’azote qui sont déversées chaque année dans le golfe d’Eilat – malgré la limitation à 22 tonnes par an qui avait été fixée par une commission d’experts du ministère de la Protection environnementale. Le gouvernement est encore soumis à des pressions le sommant d’augmenter encore ces quantités.
Dans la mesure où un stress excessif pourrait provoquer un effondrement soudain des récifs coralliens, il est de la responsabilité de l’État d’Israël de veiller à ce que ces facteurs de stress supplémentaires soient réduits au minimum, a conclu l’article.
Aux États-Unis, la National Oceanic and Atmospheric Administration a annoncé, au début de l’année, que le monde connaissait le quatrième épisode de blanchissement des coraux jamais enregistré, précisant qu’il s’agissait du deuxième de la décennie.
L’article paru dans Ecology & Environment au début du mois (lien en hébreu) a été rédigé par Asaf Zvuloni, qui est ingénieur écologue au sein de l’Autorité israélienne de la nature et des parcs, et par deux chercheurs de l’Institut interuniversitaire des sciences de la mer d’Eilat, le professeur Maoz Fein et Yonatan Shaked.