Des microplastiques ont été trouvés dans des algues « fortement contaminées » de la glace arctique, représentant un risque pour la chaîne alimentaire

 

Selon une nouvelle étude réalisée par des chercheurs allemands, les algues qui poussent sous la glace de mer dans l’Arctique sont « fortement contaminées » par des microplastiques, ce qui constitue une menace pour l’humain à travers la chaîne alimentaire.

Image d’entête : lors d’une expédition Polarstern dans l’Arctique, des chercheurs de l’Institut Alfred Wegener étudient la quantité de microplastiques présents dans les agrégats de l’algue de glace Melosira arctica et dans l’eau de mer à proximité immédiate de la banquise. (Alfred-Wegener-Institut / Mario Hoppmann)

Selon les chercheurs, les amas d’algues connues sous le nom de Melosira arctica contenaient en moyenne 31 000 particules de microplastiques par mètre cube, soit environ 10 fois la concentration de l’eau environnante. Ils précisent que cette moyenne est assortie d’une fourchette de ±19 000, ce qui signifie que certains amas pouvaient contenir jusqu’à 50 000 particules microplastiques par mètre cube.

L’étude a été menée par le Centre Helmholtz de recherche polaire et marine de l’Institut Alfred Wegener (Allemagne), sur la base d’échantillons collectés lors d’une expédition avec le navire de recherche Polarstern en 2021. Les échantillons ont été analysés par l’Ocean Frontier Institute, l’université Dalhousie (Canada) et l’université de Canterbury (Nouvelle-Zélande).

Expédition Polarstern dans l’Arctique. (Melanie Bergmann)

Algue Arctique microplastique 3 23

Selon Deonie Allen, de l’université de Canterbury et de l’université de Birmingham, qui fait partie de l’équipe de recherche :

Les algues filamenteuses ont une texture visqueuse et collante, ce qui leur permet de capturer les microplastiques provenant des dépôts atmosphériques sur la mer, de l’eau de mer elle-même, de la glace environnante et de toute autre source qu’elles croisent.

Les poissons, tels que la morue, se nourrissent d’algues et sont à leur tour mangés par d’autres animaux, y compris les humains, transmettant ainsi une « variété de plastiques », dont le polyéthylène, le polyester, le polypropylène, le nylon et l’acrylique, qui ont été détectés dans le corps humain.

Selon Melanie Bergmann, biologiste qui a dirigé l’étude :

Les habitants de l’Arctique sont particulièrement dépendants du réseau alimentaire marin pour leur approvisionnement en protéines, par exemple par la chasse ou la pêche. Cela signifie qu’ils sont également exposés aux microplastiques et aux produits chimiques qu’ils contiennent. Des microplastiques ont déjà été détectés dans les intestins, le sang, les veines, les poumons, le placenta et le lait maternel de l’humain et peuvent provoquer des réactions inflammatoires, mais les conséquences globales n’ont guère été étudiées jusqu’à présent.

L’étude indique que les amas d’algues mortes transportent également les microplastiques « particulièrement rapidement » dans les profondeurs de la mer, ce qui explique les « concentrations élevées de microplastiques dans les sédiments », un autre résultat clé de cette nouvelle étude.

Les algues se développent rapidement sous la glace de mer au printemps et en été et y forment des chaînes cellulaires d’un mètre de long qui se transforment en amas lorsque les cellules meurent. Ces amas peuvent descendre à des milliers de mètres au fond de la mer en une seule journée.

Les longues chaînes de l’algue unicellulaire Melosira arctica sont visibles au microscope optique. Les algues apparaissent en brun-orange grâce à leur pigment typique, la fucoxanthine, qui leur permet de réaliser la photosynthèse même en cas de faible luminosité. (Madlen Franze)

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Selon Bergmann :

Nous avons enfin trouvé une explication plausible à la raison pour laquelle nous mesurons toujours les plus grandes quantités de microplastiques dans la zone de la lisière de la glace, même dans les sédiments d’eau profonde.

Les chercheurs précisent que, jusqu’à présent, les scientifiques ne connaissaient que les microplastiques, qui se concentrent lors de la formation de la glace de mer, qui sont libérés dans l’eau environnante lors de la fonte de la glace de mer. Toujours selon Bergmann :

La vitesse à laquelle l’algue descend signifie qu’elle tombe presque en ligne droite sous le bord de la glace. La neige marine, en revanche, est plus lente et est poussée latéralement par les courants, ce qui fait qu’elle s’enfonce plus profondément. Le fait que la Melosira transporte les microplastiques directement au fond de l’eau explique pourquoi nous mesurons des nombres plus élevés de microplastiques sous la lisière de la glace.

Bergmann ajoute que cette recherche démontre que la réduction de la production de plastique est le moyen le plus efficace de réduire cette pollution, ajoutant que :

Cet aspect devrait donc être prioritaire dans l’accord mondial sur les plastiques qui est actuellement en cours de négociation.

La chercheuse a indiqué qu’elle participerait au prochain cycle de négociations visant à élaborer un traité des Nations unies sur la réduction de la pollution plastique. Ces négociations doivent débuter à Paris à la fin du mois de mai. Les résultats ont été publiés vendredi dernier dans la revue Environmental Science & Technology : High Levels of Microplastics in the Arctic Sea Ice Alga Melosira arctica, a Vector to Ice-Associated and Benthic Food Webs et présentés sur le site de l’Institut Alfred-Wegener pour la recherche polaire et marine : Arctic ice algae heavily contaminated with microplastics.

Source: gurumed