Des centaines d’emplois en Atlantique dépendent de la décision du quota de sébaste
19 janvier 2024
19 janvier 2024
Ottawa s’apprête à accorder un accès à la pêche à l’énorme population de sébaste du golfe du Saint-Laurent à la fin du mois, une décision très attendue qui suscite à la fois crainte et espoir dans toute l’industrie du Québec et du Canada atlantique.
(Nouvelle fe
La Nouvelle-Écosse, qui a le plus à perdre, prévient Ottawa que des centaines d’emplois
sont en jeu si elle perd sa part du quota de cette pêche.
C’est incroyablement préoccupant
, dit Kent Smith, le ministre des Pêches et de l’Aquaculture de la Nouvelle-Écosse.
Avant l’effondrement de la population de sébaste au début des années 1990, la moitié du quota du golfe du Saint-Laurent était détenue par des entreprises néo-écossaises.
Des pêcheurs de Lamèque expérimentent avec la pêche au sébaste dans l’espoir d’ouvrir la voie à une nouvelle industrie.
Depuis, les entreprises de la Nouvelle-Écosse ont mené des études scientifiques sur le sébaste pour le ministère des Pêches et des Océans. Elles ont aussi maintenu une petite pêche dans les zones adjacentes et dépensé des millions en usines et en permis en prévision de recevoir à nouveau la moitié du quota autorisé.
Tous ces investissements ont été faits avec l’idée que ces actions étaient stables et que nous pouvions espérer recevoir notre part à la réouverture de la pêche
, indique Alain d’Entremont, président de Scotia Harvest, qui fait partie du groupe Mersey Seafoods qui a dépensé 14 millions $ pour une usine ultramoderne près de Digby, en Nouvelle-Écosse.
Alain d’Entremont est président de Scotia Harvest.
Maintenant que la population de sébaste est estimée à quatre millions de tonnes métriques, Scotia Harvest et les autres exploitants en Nouvelle-Écosse regardent nerveusement les autres provinces faire pression pour obtenir l’accès.
Par exemple, le Québec et Terre-Neuve-et-Labrador font pression pour obtenir un quota de pêche au sébaste pour compenser la réduction drastique des quotas de crevettes de leur province.
Comme ses prédécesseurs, le ministre Ken Smith exhorte Ottawa à maintenir le quota historique pour les flottes de la Nouvelle-Écosse.
J’aimerais que nos quotas soient respectés et en particulier celui de la zone 1 alors que nos entreprises ont été celles qui ont été les pionnières de cette industrie dès le départ
, rappelle le ministre.
La ministre fédérale des Pêches et des Océans, Diane Lebouthillier, doit annoncer l’attribution du quota de Sébaste à la fin du mois de janvier.
Il a écrit à la ministre fédérale des Pêches, Diane Lebouthillier, le 17 octobre, pour lui dire que modifier ces allocations établies entraînerait des difficultés économiques importantes pour les pêcheurs en Nouvelle-Écosse et des centaines d’emplois dans les communautés côtières
.
La tendance apparente à modifier les accords de quotas de longue date menace de déstabiliser les investissements dans les infrastructures, les marchés et le développement des produits de la mer
, a-t-il ajouté.
La ministre fédérale Diane Lebouthillier n’a pas répondu à son homologue provincial Ken Smith ni à nos questions sur les problèmes soulevés dans la lettre.
Comme l’a déclaré la ministre, une décision sur cette question sera annoncée à la fin du mois
, a réitéré le secrétaire de presse du MPO, Jeremy Collard.
En entrevue à Radio-Canada, la ministre affirme cependant que tout le monde y trouvera son compte.
Est-ce que tout le monde va être content? Je ne crois pas parce que c’est difficile d’avoir une solution qui plaise à tous, mais je peux vous dire que tout le monde va y trouver sa juste part.
Pour Alain d’Entremont, la seule décision
devrait être la taille du quota.
Je ne vois tout simplement pas comment nous pourrions nous en passer
, dit-il.
Si les quotas ne sont pas respectés, si ces transactions entraînent un tort aux communautés ou pour les participants existants en faveur d’autres, on ne fait qu’enlever pour donner ailleurs, souligne l’entrepreneur.
De son côté, la ministre croit que toutes les communautés pourront travailler ensemble.
On peut perdre ensemble. On peut gagner ensemble. Et j’ai bien l’intention qu’on gagne tout le monde ensemble.
, indique Mme Lebouthillier.
Si la distribution de quotas est divisée différemment comme ça s’est fait dans le passé, la Nouvelle-Écosse pourrait être déçue.
La décision la plus controversée a été prise en 2016 par le gouvernement libéral fédéral qui a supprimé les quotas d’une flotte de la Nouvelle-Écosse, qui pêchait la crevette nordique au large du Labrador. Face aux pressions exercées par les pêcheurs de Terre-Neuve, le MPO avait abandonné sa politique du dernier entré, premier sorti en matière d’attribution de quotas de capture.