Déclaration franco-brésilienne sur la protection des océans

 

De Nice à Belém : la France et le Brésil unis pour agir en faveur de l’océan et du climat

Réunis à Rio de Janeiro, le 19 novembre 2024, les présidents Luiz Inácio Lula da Silva et Emmanuel Macron se sont engagés à faire, dans un cadre bilatéral et multilatéral, de la protection de l’Océan, des écosystèmes marins et côtiers, une priorité stratégique de leur engagement pour la protection de la biodiversité et la lutte contre le changement climatique. Conscients que la place de l’Océan dans l’agenda international n’est ni à la mesure de son rôle dans les équilibres climatiques et environnementaux, ni au niveau des menaces qui pèsent sur la vie marine, la France et le Brésil sont convenus de placer l’Océan au cœur de l’agenda diplomatique international.

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Le Brésil et France, pays voisins, terrestres comme maritimes, grâce la Guyane française, sont deux nations océaniques et maritimes. Ils partagent dans ce cadre une responsabilité particulière de protection de l’Océan et de gestion durable des ressources.

Le Brésil organisera la COP 30 climat en novembre 2025, lorsque l’adoption de la CCNUCC fêtera ses 33 ans et l’adoption de l’Accord de Paris ses 10 ans. En 2025, l’ensemble des Parties devront présenter de nouveaux objectifs climatiques, dans leurs contributions déterminées au niveau national. Ces objectifs devront montrer le plus haut niveau d’ambition, couvrir tous les secteurs de leurs économies dans le but d’atténuer toutes les émissions de gaz à effet de serre, et être alignés avec l’objectif de limite de la hausse de la température moyenne globale à 1,5°C par rapport aux niveaux préindustriels et avec les recommandations du premier Bilan mondial issu de la COP 28. Le Brésil et la France réaffirment leur volonté de mettre en œuvre tous leurs efforts pour contribuer au rehaussement global de l’ambition climatique et soulignent l’importance d’un multilatéralisme efficace, en vue de maintenir à portée l’objectif des 1,5°C, dans la continuité de « l’Appel Brésil-France à l’ambition climatique de Paris à Belém et au-delà », lancé par les deux Présidents le 26 mars 2024, à Belém.

La France organisera, avec le Costa Rica, la prochaine Conférence des Nations Unies sur l’Océan (UNOC), en juin 2025, qui se déroulera à Nice. Face à l’urgence que connait l’Océan, l’UNOC sera un sommet d’action fondé sur des engagements concrets et sur une feuille de route consolidée pour la protection de l’Océan. La Conférence aboutira sur l’adoption du Plan d’action de Nice pour l’Océan, qui devra être le plus ambitieux possible pour préserver la santé et l’intégrité de l’océan.

Afin d’atteindre l’Objectif 14 de développement durable (ODD) et de mettre en œuvre l’Agenda 2030, la France et le Brésil, partenaires stratégiques, s’engagent à lancer ensemble une dynamique mondiale pour l’Océan et le climat, au sein du G20, et en vue de la troisième Conférence des Nations Unies sur l’Océan de juin 2025 et puis de la COP30, à Belém. Notre but est de développer une économie bleue juste et durable fondée sur l’océan, renforçant la résilience des communautés marines et côtières.

Protéger la biodiversité marine et la vie dans l’Océan

1. La France et le Brésil renouvellent leur engagement à mettre en œuvre le cadre mondial de la biodiversité de Kunming-Montréal, adopté par la COP15 de la Convention sur la diversité biologique (CBD), pour faire en sorte que, d’ici à 2030, au moins 30% des zones terrestres et des eaux intérieures, ainsi que des zones côtières et marines, soient dûment conservées et gérées grâce à la mise en place d’aires protégées écologiquement représentatives, bien reliées et équitablement gérées et à d’autres mesures efficaces de conservation par zone. La France et la Brésil rappellent l’importance de restaurer les écosystèmes marins dégradés. La France et le Brésil s’engagent à renforcer la connectivité et la représentativité écologiques de leurs aires marines protégées.

2. La France et le Brésil renouvellent leur engagement de contribuer, selon l’article 20 de la Convention sur la biodiversité biologique, à atteindre les objectifs globaux de financement pour la mise en œuvre du cadre mondial de la biodiversité de Kunming-Montréal, adopté par la COP15 de la Convention sur la diversité biologique, en mobilisant toutes les sources de financement, y compris les ressources domestiques et internationales, publiques et privées, reconnaissant les défis spécifiques des pays en voie de développement.

3. La France et le Brésil soulignent l’importance de la planification spatiale marine et de la gestion intégrée des zones côtières. La France et le Brésil insistent en particulier sur l’importance pour chaque Etat de gérer durablement sa zone économique exclusive, afin de concilier les activités économiques avec la nécessaire protection de l’environnement, de promouvoir la répartition équitable des bénéfices tirés des services écosystémiques. Dans le cadre de l’UNOC, la France mène la campagne « 100% Alliance » pour aboutir à Nice en juin 2025 à une centaine de pays adhérant à l’initiative.

4. Dans le contexte de la planification spatiale marine des régions ultramarines (MSP-OR) de l’Union européenne, le Brésil et la France continueront à échanger des informations et des bonnes pratiques pour que les plans respectifs des pays soient intégrés de façon à répondre aux demandes de l’environnement marin et de ses écosystèmes et contribuent à atteindre les objectifs écologiques, économiques et sociaux des deux côtés de la frontière.

5. Le Brésil et la France s’engagent à maintenir des politiques maritimes nationales actualisées et alignées, entre autres aspects, sur la protection de la biodiversité marine et de la vie marine, et encouragent les autres pays côtiers à faire de même. Ils s’engagent ainsi à renforcer la coopération bilatérale pour la conservation et l’utilisation durable de l’Océan, conformément à leurs engagements multilatéraux, en particulier comme la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer (CNUDM), l’Agenda 2030 et les objectifs de développement durable (ODD), en particulier l’ODD-14.

6. Conscients de l’importance de préserver la santé et l’intégrité de l’océan, notamment dans les zones au-delà des juridictions nationales, la France et le Brésil soutiennent l’entrée en vigueur, le plus rapidement possible, en vue de sa mise en œuvre, de l’accord se rapportant à la Convention des Nations unies sur le droit de la mer et portant sur la conservation et l’utilisation durable de la diversité biologique marine des zones ne relevant pas de la juridiction nationale (BBNJ), et encouragent l’ensemble de la communauté internationale à contribuer à cet objectif, en profitant de la tenue de l’UNOC 3 à Nice, en juin 2025.

7. La France apporte un soutien fort et résolu à la création d’un sanctuaire baleinier dans l’Atlantique Sud, lieu important de la reproduction des espèces de cétacés, dans le cadre de la Commission Baleinière Internationale (CBI), porté par le Brésil depuis 2001.

8. Les fonds marins recèlent une riche biodiversité, des écosystèmes complexes à l’équilibre très fragile. L’exploitation des fonds marins peut avoir des impacts environnementaux qui ne sont pas encore connus et peuvent s’avérer importants, voire irrémédiables. Convaincus qu’aucune activité d’extraction ne devrait être autorisée dans la Zone internationale des fonds marins en l’absence d’un règlement d’exploitation robuste et suffisamment protecteur de l’environnement, la France et le Brésil défendent l’adoption d’une pause de précaution sur l’exploitation des ressources de la Zone internationale des fonds marins. Ils soutiendront l’amélioration des connaissances scientifiques des fonds marins et de leurs écosystèmes et le renforcement de la coopération internationale en la matière.

9. Prenant en compte que la pêche exerce une pression considérable sur les stocks de poissons et, plus largement, sur les écosystèmes marins connexes, la gestion durable des pêches de capture, fondée sur les meilleures données scientifiques disponibles, le principe de précaution et l’approche écosystémique, est au cœur de nos efforts individuels et collectifs pour protéger l’océan. La France et le Brésil s’engagent à prévenir et lutter contre la pêche illicite, non déclarée et non réglementée, et à porter cette approche dans les organisations internationales pertinentes, afin de favoriser un accord plus favorable à la protection et à la régénération des stocks de poissons. Pour prévenir et lutter contre la pêche illégale, non déclarée et non réglementée, la France et le Brésil renforceront leur coopération et échanges d’informations dans un cadre bilatéral et dans le cadre régional du Plateau des Guyanes.

Renforcer l’action climatique dans le domaine de l’Océan

1. Déterminés à protéger l’océan contre les effets du changement climatique et conserver les écosystèmes marins, dont ceux agissant comme des régulateurs climatiques et des puits carbone, la France et le Brésil reconnaissent l’importance d‘intégrer des actions tournées vers l’Océan dans la préparation et la mise en œuvre de leurs politiques nationales pour le climat et la biodiversité, comme les contributions déterminées au niveau national (CDN), les plans nationaux d’adaptation (NAP) et les stratégies nationales et plans pour la biodiversité (NBSAP), en particulier pour l’observation de l’Océan et les mesures d’adaptation des zones côtières ; et encouragent tous les pays à faire de même.

2. La France et le Brésil encourageront les villes, régions, et Etats du littoral brésilien et français les plus menacés par l’élévation du niveau de la mer à contribuer aux échanges de bonnes pratiques et de solutions. La France et le Brésil saluent les efforts de la Coalition « Ocean Rise and Costal Resilience ».

3. Le Brésil et la France soutiendront les initiatives académiques qui favorisent le développement du droit international et du droit de la mer, en soutenant des études et des débats sur les défis liés à l’élévation du niveau de la mer, afin de contribuer à répondre aux questions juridiques complexes qui se présentent dans cette nouvelle réalité.

4. Pour garder l’objectif des 1,5° Celsius de l’accord de Paris à portée, la France et le Brésil accéléreront leurs efforts pour opérationnaliser la décision du Bilan Mondial de mettre en œuvre une transition juste, ordonnée, et équitable, avec pour perspective la sortie graduelle des énergies fossiles. La France et le Brésil s’engagent à promouvoir l’usage des carburants renouvelables dans le secteur du transport maritime commercial, afin d’accélérer la transition énergétique du secteur, et à remplir les objectifs établis par la Stratégie de l’OMI sur la réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES) provenant des navires (2023) en adoptant des mesures de mise en œuvre, selon les termes prévus par la stratégie.

Améliorer nos connaissances scientifiques de l’Océan pour se préparer aux impacts du changement climatique

1. La France et le Brésil bénéficient d’une coopération scientifique historique dans le domaine de l’océanographie, des technologies marines, et de la biodiversité marine. Ce partenariat renforce leurs actions en faveur de la protection de l’océan et de l’usage durable de ses ressources.

2. Conscients des liens entre les écosystèmes terrestres et marins, le Brésil et la France continueront d’approfondir les connaissances scientifiques et renforcer la coopération sur les liens entre océan, biodiversité et climat, pour protéger les populations et les écosystèmes des impacts de la prolifération des sargasses, de l’acidification de l’océan et de la pollution plastique en phase avec les objectifs de la Décennie des Nations Unies pour les sciences océaniques au service du développement durable (2021 à 2030).

3. La France et le Brésil s’engagent à renforcer l’interface entre la science et les politiques publiques et exploreront les meilleurs moyens de promouvoir une vision globale des connaissances océaniques, notamment dans le cadre de la Commission Océanographique Intergouvernementale (COI-UNESCO).

4. Le Brésil et la France saluent les recommandations issues des conférences appelées « dialogues océaniques », dans le cadre du « Oceans 20 » réalisés en 2024 à Rio auxquels ont contribué les instituts de recherche français et brésiliens.

5. Le Brésil et la France s’engagent à continuer d’investir dans la recherche scientifique océanique, y compris en renforçant leurs centres d’excellence et partenariats bilatéraux existants, et identifieront de nouvelles initiatives conjointes.

6. Le Brésil et la France se félicitent des échanges en cours pour renforcer la coopération entre l’Institut National de Recherche Océanique (INPO) et Mercator Ocean.

7. Le Brésil et la France appuieront conjointement le renforcement de la coopération sur les questions océaniques, ouvrant des espaces pour des débats sur des thèmes d’intérêt commun pendant l’UNOC-3, qui se tiendra à Nice en 2025, et puis ensuite lors de la COP30, aussi en 2025, à Belém.

Source: ambafrance