Contre l’élévation du niveau de la Méditerranée, un expert relance la solution d’un barrage à Gibraltar

« Pour sauver les meubles, en Méditerranée, face à la montée des eaux, il y a une solution. Elle paraît folle, utopiste, mais c’est de construire un barrage sur le détroit de Gibraltar. » Le projet imaginé dans les années 1920 par l’ingénieur allemand Herman Sorgel est relancé par Alexandre Meinesz, professeur émérite de l’Université Côte d’Azur. Dans son livre « Protéger la biodiversité marine », qui vient de paraître aux éditions Odile Jacob, le biologiste marin estime que c’est la seule option pour éviter que l ’ensemble du littoral méditerranéen ne soit artificialisé, et que des dégâts considérables ne soient portés à la vie marine. Alexandre Meinesz, biologiste marin: « Quoi que l’on fasse dans les décennies à venir, la mer va monter de plus en plus vite et de façon très importante. » Photo Frantz Bouton. Quel est le problème? A l’horizon 2100, le GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat) prévoit d’après les scénarios pessimistes une élévation du niveau de la mer d’1,1 m. Mais, souligne Alexandre Meinesz, « la question fondamentale à laquelle il faudrait pouvoir répondre est « de combien les eaux vont monter à l’apogée du changement climatique? » « Un constat historique très inquiétant a été révélé en 2019. Il y a 3 à 4 millions d’années, alors que la teneur en CO2 de l’atmosphère était proche de l’actuelle et que les températures moyennes étaient de 2 à 3 °C supérieures à celles de l’ère préindustrielle, le niveau des océans était de 16 mètres au-dessus du niveau d’aujourd’hui. Cela pourrait indiquer qu’il y a une inertie actuelle dans les conséquences de l’accumulation brutale des gaz à effet de serre. Comme le CO2 persiste dans l’atmosphère pendant plus d’un siècle, cela suggère qu’inéluctablement, quoi que l’on fasse dans les décennies à venir, la mer va monter de plus en plus vite et de façon très importante. » Avec des impacts économiques majeurs: érosion des plages, submersion des routes, voies ferrées, ports, aéroport de Nice… Et des effets dévastateurs sur la vie marine. « Les forêts sous-marines de posidonies régresseront significativement par manque de lumière elles dépériront dans les zones les plus profondes et ne pourront pas coloniser en peu de siècles les nouveaux fonds inondés. Or c’est cette végétation marine dense qui abrite la biodiversité la plus riche en méditerranée. »

Source: nice-matin