Conférence de l’ONU sur l’océan à Nice : « L’enjeu est de protéger cet océan vivant »
5 juin 2025
5 juin 2025
Journée spéciale « L’océan peut-il nous sauver ? » ce mardi sur France Inter. À cette occasion, Grand entretien avec l’ambassadeur pour les océans Olivier Poivre d’Arvor, le directeur général de la Fondation Tara Océan Romain Troublé et la chercheuse au CNRS Sophie Gambardella.
À quelques jours de la conférence de l’ONU sur les océans à Nice, France Inter propose une journée spéciale « L’océan peut-il nous sauver ? » Du 9 au 13 juin, ce sommet réunira des dirigeants mondiaux, des milliers de délégués, des scientifiques et des représentants d’ONG qui débattront sur les mesures à prendre pour protéger la vie marine.
« Les accords de Nice devraient être aussi importants que les accords de Paris, c’est capital, c’est urgent« , alerte l’ambassadeur pour les océans Olivier Poivre d’Arvor. Il appelle à « défendre » l’océan et à en « faire une vraie cause partagée« . « L’enjeu est de protéger cet océan vivant. Il faut qu’il reste vivant pour qu’on le reste nous », abonde Romain Troublé, directeur général de la Fondation Tara Océan, président de la plateforme « Océans et climat ».
L’un des enjeux sera de poser un cadre juridique pour protéger l’océan. « L’enjeu de la conférence des Nations unies sur l’océan est un enjeu de copropriété. L’océan est un bien commun. Il y a trois lots principaux : il y a ce qu’on appelle les zones exclusives économiques, c’est-à-dire ce qui appartient aux différents pays ; il y a ce qui s’appelle la haute mer, et c’est sur ça qu’on veut avoir enfin des règles ; et puis il y a les grands fonds marins. Sur ces trois lots de cette copropriété, il y a des tensions« , explique Oliver Poivre d’Arvor.
Au cœur des discussions, il y aura en particulier le traité sur la haute mer. Ce traité, adopté en 2023 et signé par 115 pays, vise à mettre à l’abri des écosystèmes marins dans des eaux internationales, qui couvrent près de la moitié de la planète. Seuls 28 pays et l’Union européenne l’ont ratifié à ce jour sur les 60 ratifications nécessaires pour son entrée en vigueur. Olivier Poivre d’Arvor espère que de nouveaux pays le ratifieront à l’issue de la conférence de Nice. « On se donne jusqu’au 15 décembre 2025 » pour obtenir ces ratifications, « ce sera le cadeau de Noël que nous déposerons au pied de l’océan ».
Ce traité « va changer le droit mais ce ne sera que le début du travail« , souligne Sophie Gambardella, chercheuse au CNRS en droit de la biodiversité marine. « Une fois l’accord ratifié, il va falloir mettre toutes les institutions en place et ensuite coordonner avec tout ce qui existe déjà en matière de gestion de pêche, en matière de gestion des grands fonds marins. Il va falloir faire tout ce travail d’articulation donc c’est la première étape pour commencer le travail. »
Des projets seront aussi présentés lors de cette conférence. Parmi eux, Olivier Poivre d’Arvor cite la « mission Neptune », déjà évoquée par Emmanuel Macron en février, qui « va explorer tout l’océan » ces 15 prochaines années. Il y aura également, en marge du sommet, le lancement le 8 juin du baromètre Starfish, « le premier baromètre de l’océan, qui va donner la santé de l’océan« . Il sera publié une fois par an, à l’occasion de la Journée mondiale de l’océan, et permettra de « mesurer les progrès et les reculs de la santé de l’océan« . Olivier Poivre d’Arvor attend aussi « des engagements sur la décarbonation du transport maritime ». « Nous allons annoncer la décarbonation totale, zéro carbone en 2050« , affirme-t-il, « tous les armateurs » vont s’engager en ce sens.
Pour lui, « c’est maintenant ou jamais » qu’il faut agir. Il espère parvenir à un accord sur « des règlements », même s’il admet qu’il y aura « toujours des délinquants« . « Cet océan vivant, il faut le protéger de plusieurs façons : il faut arrêter de le polluer, respecter l’accord de Paris pour ne pas le réchauffer » et aller vers la pêche durable, souligne Romain Troublé. « Qu’est-ce qui va se passer ? On ne va pas signer de contrat, parce que ce n’est pas contraignant cette conférence, mais on va au moins discuter, se mettre autour de la table, argumenter, convaincre les uns et les autres d’être plus ambitieux sur ces enjeux. »*