Comment sauver les Atlantides du XXIe siècle : digues, plantations de corail, îles artificielles…
14 juillet 2023
14 juillet 2023
C’est aujourd’hui acté : même si l’on arrive à limiter le changement climatique, le niveau de la mer montera inexorablement. Et cinq pays constitués d’îles basses pourraient avoir disparu d’ici à la fin du siècle. En tout cas, si rien n’est fait. Car des solutions existent ! Digues, plantations de corail, îles surélevées ou complètement artificielles : ici et là, les gouvernements de ces Atlantides en devenir se lancent dans d’immenses chantiers pour échapper à la submersion. Mais seront-ils suffisants ?
Cinq pays – Nauru, Kiribati, îles Marshall, Tuvalu et Maldives – pourraient devenir les « Atlantides » du XXIe siècle en raison de la montée des eaux causée par la fonte des glaciers et des calottes polaires due au réchauffement climatique. Même en limitant le réchauffement climatique à +1,5°C, le niveau de la mer devrait augmenter de 43 cm d’ici 2100 en moyenne, avec une hausse pouvant aller jusqu’à 83 cm à 1,10 m dans les scénarios pessimistes. Les zones côtières situées à moins de 5 m d’altitude sont à haut risque de submersion permanente ou ponctuelle.
Les atolls sont les zones tropicales les plus menacées en raison de leur faible altitude, de leur petite taille, et de leur dépendance aux coraux, qui souffrent du réchauffement climatique. Selon les scientifiques, la montée du niveau de la mer va entraîner la submersion de nombreux atolls, dont la majorité se trouve dans l’océan Pacifique. Les habitants de ces territoires ne disposent pas de solutions de repli, contrairement à ceux des îles hautes. Les dirigeants de ces pays en devenir lancent des appels pour tenter de contrer l’inéluctable et construisent des digues, restaurent les récifs coralliens, surélèvent leurs sols, créent des îles artificielles ou flottantes. Ces infrastructures ont déjà fait leurs preuves, mais nécessitent une maintenance constante. La question brûlante est de savoir comment être citoyen d’un pays qui n’existe plus.
Les solutions d’ingénierie lourde telles que les digues et les brise-lames sont largement utilisées dans le monde pour préserver le littoral, en particulier dans les États insulaires de faible altitude. Cependant, ces infrastructures peuvent avoir des effets négatifs sur l’environnement, la biodiversité et l’agriculture locale. Une approche plus douce serait de restaurer les récifs coralliens et les mangroves, qui sont moins coûteux et plus efficaces pour réduire l’énergie des vagues et compenser l’érosion. Bien que cette méthode nécessite du temps pour se développer, elle est une alternative durable et respectueuse de l’environnement pour lutter contre la montée des eaux.
Se protéger par des digues ne suffit pas, car cela empêche les solutions naturelles de fonctionner. Les îles artificielles plus hautes que les naturelles sont une option, comme l’île d’Hulhumalé aux Maldives. Elle a été agrandie et surélevée pour répondre à la croissance de la population et pour éviter les inondations. La surélévation d’Hulhumalé devrait lui permettre de rester hors d’eau, tant que la hausse moyenne du niveau de la mer ne dépasse pas 60 cm. Plusieurs autres États insulaires envisagent également de surélever certaines de leurs îles. Cependant, le surélévement des îles peut devenir de plus en plus cher et difficile à mesure que le niveau des océans augmente. Une autre option est de vivre sur des villes flottantes, comme le projet Maldives Floating City.
Les îles flottantes deviennent de plus en plus populaires. Oceanix, basée à New York, développe un concept similaire mais avec des unités modulaires plus grandes pour une stabilité accrue. Chaque plateforme mesurera 10 m de hauteur sur 20 000 m2, la superficie d’un bloc de Manhattan, pour accueillir jusqu’à 5 000 habitants, des hôtels, des restaurants, des commerces et des lieux de promenade. La première plateforme sera construite l’année prochaine sur le littoral de Busan, en Corée du Sud. Elle pourrait accueillir une partie de l’exposition universelle 2030 si la candidature de Busan est retenue.
Nauru est le seul État insulaire menacé de disparaître sous les eaux ayant une solution de repli sur papier. Tous les habitants vivent sur son étroite bande côtière, mais l’intérieur des terres est inhabitable. Les mines de phosphate ont fait la fortune de ce petit État insulaire dans les années 1970 avant de le mener à la banqueroute.
Dans les années 1990, la mauvaise gestion des finances publiques a conduit à l’épuisement des réserves. La crise économique, politique et sanitaire qui s’en est suivie a plongé les Nauruans dans la pauvreté et entraîné des taux élevés d’obésité, de diabète et de tabagisme. Aujourd’hui, le pays doit faire face à la menace de la montée des eaux qui risque de submerger ses zones habitées.
Pour y faire face, le plan d’adaptation prévoit la réhabilitation des terres dévorées par l’exploitation minière pour y construire des habitations écologiques et innovantes, des bâtiments publics et des jardins vivriers. Le premier village, composé de 120 maisons, est en cours de construction sur un terrain de 10 ha.