Informer, débattre et envisager des solutions au plus près des réalités et des enjeux. Rendez-vous le samedi 16 décembre à la Friche la Belle de Mai, à Marseille, pour la sixième et dernière étape de l’année 2023 du «Climat Libé Tour».
Quand bien même ses méfaits sont connus, nous consommons et dépendons chaque jour, un peu plus, de ce fichu plastique. Loin de s’inverser, les courbes de production, de consommation et de génération de déchets ne cessent de grimper. L’ensemble se dissémine, se désagrège et finit par rejoindre les fleuves et l’océan. Une pollution qui triplera d’ici trois décennies si nous laissons faire.
Collecter, trier, recycler ne suffit plus. Il faut arrêter de produire. Agir en amont comme en aval, sur tout le cycle de la vie des plastiques. L’arrêt rapide de la production et de la consommation reste cependant illusoire : il faut donc se résoudre à ce que nous produisions encore longtemps des déchets plastiques, mais, en attendant à prévenir le rejet de substances toxiques ou d’autres pollutions, dû à l’incinération, la décharge et l’enfouissement.
Un cadre protecteur pour la biodiversité
Alors que les discussions se sont ouvertes depuis une bonne année sur l’adoption d’un traité international qui restreindrait ou interdirait les substances problématiques, encouragerait une économie circulaire de ces matériaux, dès leur conception, veillerait à leur non-toxicité sur notre santé et l’environnement, imaginerait leur réparation et leur recyclage, l’optimisme n’est pas interdit. Il y a neuf mois à Montréal, la communauté internationale s’était bien mise d’accord sur un cadre protecteur pour la biodiversité, puis à New York en mars 2023 concluait favorablement, à la grande surprise de bien des observateurs, la négociation sur la haute mer – 60 % de la surface totale des océans !
Au One Ocean Summit de Brest en février 2022, un appel sur la question des plastiques à usage unique, dont 11 millions de tonnes finissent chaque année dans l’océan, avait été lancé, entendu quelques semaines plus tard par le Programme des Nations unies pour l’environnement. Commençait alors la négociation d’un traité pour la création d’un instrument juridiquement contraignant, conduisant les Etats signataires à moins produire, moins consommer, moins polluer.
Alors que la troisième session de négociation s’est tenue à Nairobi à la mi-novembre, laissant un goût d’inachevé, après deux premiers rounds, à Punta del Este (Uruguay) en novembre 2022 et à Paris en mai 2023, il ne reste plus qu’un quatrième rendez-vous à Ottawa (Canada) en avril prochain aux 150 pays réunis pour tenir l’ambitieux calendrier d’une adoption fin 2024 à Pusan, en Corée du Sud.
Signer un traité contraignant
Sans une mobilisation exceptionnelle, les divergences feront échouer le projet. Si certains pays du groupe Asie-Pacifique, jusqu’alors passifs, manifestent désormais leur engagement pour signer un traité contraignant, d’autres, parmi lesquels le Japon, le Brésil ou les Etats-Unis, font toujours preuve de prudence, voire de réticence. D’autres nations, comme la Chine, les pays du Golfe, l’Iran, la Russie ou Cuba ont créé une «Coalition mondiale pour la soutenabilité des plastiques», s’opposant, comme l’Inde, à toute mention relative à la production de polymère. A cette coalition, s’oppose, celle, fondée par le Rwanda et la Norvège, et rejointe par la France, de «haute ambition» regroupant 60 pays pour mettre fin à la pollution plastique.
Les débats restent, on le voit, intenses, à l’image de ces pays producteurs de plastique s’opposant au principe du pollueur-payeur, que la France et l’Union européenne soutiennent, afin d’alimenter les besoins de financement des pays en développement, tout en réduisant l’enveloppe des dépenses publiques et en incitant à la réduction de la production. En inventant en 1907 la bakélite, première matière plastique industrielle, le chimiste belgo-américain, Léo Baekeland, n’imaginait certainement pas qu’un siècle plus tard, les nations se disputeraient aussi férocement sur le moyen de s’en débarrasser.
Source: Libération