Changement climatique : une nouvelle idée pour aspirer le CO2 de l’air s’avère prometteuse
10 mars 2023
10 mars 2023
Des scientifiques ont présenté un nouveau moyen d’aspirer le CO2 de l’air et de le stocker dans la mer, une idée qui s’avère prometteuse pour la planète et faire face au changement climatique.
Les scientifiques affirment que cette nouvelle approche permet de capturer le CO2 de l’atmosphère jusqu’à trois fois plus efficacement que les méthodes actuelles. Le gaz à effet de serre peut être alors transformé en bicarbonate de soude et stocké en toute sécurité et à moindre coût dans l’eau de mer. Selon les experts, cette nouvelle méthode pourrait accélérer le déploiement des technologies d’élimination du carbone.
Alors que le monde s’efforce de limiter et de réduire les émissions de dioxyde de carbone au cours des dernières décennies, plusieurs entreprises se sont concentrées sur le développement de technologies permettant d’éliminer le CO2 de l’atmosphère. Climeworks, en Suisse, est peut-être la plus connue. Au cours des dix dernières années, elle a mis au point des machines qui aspirent l’air de l’atmosphère et qui filtrent et piègent les molécules de dioxyde de carbone.
Dans une usine en Islande, le CO2 capturé est injecté en profondeur sous terre où il est définitivement transformé en pierre. L’entreprise a récemment commencé à vendre un service certifié d’élimination du carbone à de grandes entreprises clientes telles que Microsoft, Spotify et Stripe.
Toutefois, le coût constitue un problème majeur pour la plupart des approches actuelles de capture directe de l’air. Le CO2, bien qu’il soit un puissant agent de réchauffement, est relativement dilué dans l’atmosphère, à environ 400 parties par million (ppm) dans l’air. Il faut donc de grosses machines nécessitant de grandes quantités d’énergie pour absorber et rejeter le CO2. Cette nouvelle approche, qui utilise des résines et d’autres produits chimiques disponibles sur le marché, promet une efficacité bien plus grande et un coût moindre, affirment les scientifiques concernés.
L’équipe de recherche a emprunté une approche utilisée pour des applications dans l’eau et a « modifié » les matériaux existants pour éliminer le CO2 de l’air. Lors de tests, le nouveau matériau absorbant hybride a été capable d’absorber trois fois plus de CO2 que les substances existantes.
« À ma connaissance, il n’existe aucun matériau absorbant qui, même à 100 000 ppm, présente la capacité que nous obtenons dans la capture directe de l’air à 400 ppm« , a déclaré le professeur Arup SenGupta, de l’université de Lehigh, aux États-Unis.
« Cette simple capacité à capturer le CO2 en grande quantité, dans un petit volume de matériau, est un aspect unique de notre travail« .
Bien qu’il n’en soit qu’à ses débuts, ce développement a été salué par d’autres acteurs du secteur. C’est le cas de Catherine Peters, experte en ingénierie géologique, qui trouve le projet astucieux et très prometteur.
L’un des grands défis du piégeage du CO2 est de savoir ce qu’il faut faire du gaz piégé. Le stockage sous terre ou en mer dans d’anciens puits de pétrole est une approche largement utilisée. Mais ici avec l’ajout de certains produits chimiques, le CO2 capturé peut être transformé en bicarbonate de soude et est stocké simplement et en toute sécurité dans l’eau de mer.
Le professeur SenGupta souhaite à présent créer une entreprise dérivée afin de poursuivre le développement de cette technologie. Il estime que l’élimination du CO2 de cette manière sera non seulement essentielle pour limiter la hausse des températures mondiales, mais qu’elle pourrait également être directement bénéfique pour les pays en développement.
Certains scientifiques hésitent à accorder trop d’importance aux technologies nouvelles et émergentes telles que le captage direct de l’air, car ils craignent que cela ne dilue les efforts de réduction des émissions de carbone déployés par les gouvernements et les particuliers.
Mais avec les seuils de température de l’accord de Paris sur le climat menacés par l’augmentation des émissions, beaucoup d’autres estiment que le déploiement rapide du captage direct de l’air en plus des réductions massives de carbone est le meilleur espoir d’éviter un changement climatique dangereux.
Le professeur SenGupta partage cet optimisme, estimant que cette nouvelle approche peut éliminer le CO2 pour moins de 100 dollars la tonne.