Dans 26 ans, il y aura plus de plastique dans l’océan que de poissons. C’est en tout cas ce que prévoit une étude , portée par le Forum économique mondial et la fondation Ellen McArthur, datant de janvier 2016. « Le plastique va augmenter de manière exponentielle, tout comme les algues » , souligne Rémi Allain, directeur général de V2O Marine . L’architecte naval ne se contente pas de constater : il a décidé de passer à l’action, en développant un système pour nettoyer les déchets présents en mer.
Depuis plus de trois ans, il conçoit un entonnoir permettant de concentrer les ordures sur une bande de quelques mètres de large. « Ensuite, un bateau avec un dispositif de dépollution passe pour les collecter. Notre système augmente leur efficacité, car il ratisse plus largement » , détaille le fondateur. Tel un râteau dans un jardin, il permet de regrouper les déchets pour en faciliter le ramassage.
L’idée a germé sur les bords de la Méditerranée. Un jour, alors qu’il est installé face à la rade de La Ciotat, l’ingénieur fait une drôle de découverte. « J’ai vu que tout le monde s’extasiait de la présence d’un dauphin. En prenant mes jumelles, j’ai observé qu’il remontait à la surface pour manger du plastique. Ça m’a fait un choc » , se souvient le Nantais, installé à Marseille. « Avec ma formation d’architecte navale, je me suis dit que je pouvais développer un système. » Il lance alors la conception de son entonnoir géant, intitulé Marine pollution solution (MPS).
Le système MPS permet de concentrer les déchets présents à la surface. | V2O MARINE
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Tracté par un bateau, le dispositif mesure entre 11 et 60 mètres de large et permet de concentrer les déchets présents jusqu’à 50 centimètres de profondeur. Il pourra venir en complément de bateaux comme Le Manta, de la fondation The SeaCleaners, lorsque ce dernier sera achevé.
Avec le MPS, V2O Marine s’adresse à des structures disposant déjà de bateaux de dépollution, comme des ports de commerce. « L’objectif ne sera pas de ratisser en permanence les océans, mais de pouvoir intervenir sur des zones avec une concentration importante de déchets » , précise-t-il.
Un filet pour les associations environnementales
Il y a quelques jours, l’entreprise a lancé un second outil : le système Poséidon. « Je me suis dit que c’était dommage de m’adresser uniquement à des sociétés déjà équipées de bateaux de dépollution. On a donc créé un filet à destination de plus petits ports, mais aussi d’association de protection de l’environnement » , raconte Rémi Allain.
Il peut être utilisé avec le MPS ou seul, pour, par exemple, faire des opérations de dépollution au bord des plages. « Le filet a été conçu pour être manœuvrable par une seule personne et être monté en moins de quatre minutes sans outils », argumente l’ingénieur. « On peut le tracter avec une petite embarcation de quatre chevaux. » Hydrocarbures, algues vertes, sargasses, plastiques, microplastiques… Le système Poséidon dispose de plusieurs formes de filets, afin de s’adapter à différents types de pollutions.
Selon l’entreprise, le système Poséidon peut être manœuvré par une personne et monté en quatre minutes. | V2O MARINE
Sera-t-il un jour disponible pour les plaisanciers ? « Beaucoup de gens me posent la question, mais pour le moment, je préfère me concentrer sur des opérateurs spécialisés » , répond Rémi Allain. Un jour, peut-être, chacun pourra apporter sa pierre à l’édifice, que représente l’immense chantier de nettoyage des océans.
Source: voiles et voiliers