Ce récif corallien découvert au large de Naples est une trouvaille rare pour la Méditerranée
30 octobre 2025
30 octobre 2025
Dans la pourtour bien connue Mer Méditerranée, des structures coralliennes spectaculaires révèlent un écosystème de profondeur, aussi riche que méconnu. L’analyse de ces formations pourrait faire évoluer la compréhension des habitats marins profonds en Méditerranée.
La Méditerranée évoque souvent des eaux chaudes et peu profondes, des côtes familières, des paysages marins largement cartographiés. Pourtant, sous sa surface, certains reliefs échappent encore aux radars scientifiques. L’un d’eux, enfoui à plusieurs centaines de mètres de profondeur, vient de révéler une surprise de taille. Un récif corallien à Naples, récemment mis au jour par une équipe italienne, bouscule les représentations que l’on se faisait de cette mer pourtant intensément explorée.
À plus de 500 mètres sous la surface du golfe de Naples, les chercheurs du Conseil national de la recherche italien (CNR) ont identifié un récif corallien d’une ampleur remarquable. L’exploration du Dohrn Canyon, menée par un sous-marin téléguidé dans le cadre d’un programme européen, a révélé des structures massives, parfois larges de deux mètres, réparties le long d’une paroi verticale de plus de 80 mètres.
Deux espèces occupent une place centrale dans cet habitat. Il s’agit de Lophelia pertusa et Madrepora oculata, deux coraux d’eau de profondeur, communément appelés « coraux blancs ». Ces organismes se développent dans l’obscurité, en captant les nutriments portés par les courants. Par ailleurs, d’autres espèces partagent leur environnement, comme les coraux noirs, les éponges et les crustacés. Ensemble, ils forment un écosystème dense, à la biodiversité riche.
Ces récifs profonds, surnommés « forêts tropicales de la mer », concentrent une biodiversité quasiment comparable à celle des écosystèmes côtiers, malgré l’absence de lumière. Leurs structures complexes abritent de très nombreux organismes qui jouent un rôle écologique clé, notamment dans la stabilisation des fonds marins.
Au sein du récif, les scientifiques ont observé des fossiles d’huîtres et de coraux anciens. Ces empreintes calcifiées, véritables marqueurs naturels, permettent de remonter l’histoire du bassin méditerranéen sur plusieurs millénaires.
Le CNR évoque des « témoignages géologiques d’un passé lointain », précieux pour comprendre les variations climatiques et la dynamique océanique à l’échelle historique. Les couches minérales des coraux, semblables à des cernes d’arbres, enregistrent en effet certains paramètres chimiques de l’eau à travers le temps.
Ces données aideront à reconstituer les réponses passées de la Méditerranée face aux changements environnementaux, et à anticiper ceux à venir. Cette lecture stratigraphique du vivant offre aux chercheurs un outil unique d’analyse du climat sous-marin.