« Cataclysmes, les grands régulateurs » : il y a six millions d’années, la Méditerranée était un désert de sel
14 novembre 2025
14 novembre 2025
Éruptions, séismes, tempêtes, inondations : notre planète tremble, respire, se réajuste. À mesure que le climat se réchauffe, ces bouleversements se multiplient et s’intensifient. Longtemps perçus comme des phénomènes isolés, ils apparaissent aujourd’hui comme les maillons d’un vaste système d’interactions : un volcan qui influence les océans, une tempête qui ébranle la croûte terrestre, la fonte des glaces qui réveille des volcans endormis. Raconté par la voix de Patrick Ridremont, « Cataclysmes, les grands régulateurs » explore cette mécanique terrestre où les cataclysmes sont les réponses extrêmes de la terre à ses déséquilibres.
Parmi les grands cataclysmes qui ont façonné la terre, celui de la Méditerranée en est un des plus spectaculaires. Difficile, en observant aujourd’hui ses rivages paisibles, d’imaginer qu’il y a six millions d’années, cette mer s’est entièrement asséchée. Coupée de l’Atlantique, elle s’est évaporée, laissant derrière elle un désert de sel profond de plusieurs kilomètres. Puis, quand le passage vers l’océan s’est rouvert, l’eau s’est engouffrée avec une puissance inouïe. En quelques mois, le bassin s’est rempli à nouveau, dans ce qui fut sans doute l’une des plus grandes inondations de l’histoire de la terre.
Ce bouleversement a modifié le climat et l’activité volcanique de toute la région. À l’échelle humaine, c’est une catastrophe ; à celle de la planète, un simple réajustement.
On a finalement une réponse qui dure dix fois plus longtemps que la cause qui l’a générée.
Extrait du documentaire.
D’autres cataclysmes plus récents rappellent la puissance régulatrice de la terre. En 1991, aux Philippines, le volcan Pinatubo, endormi depuis cinq siècles, est entré en éruption. En quelques jours, il a projeté dans l’atmosphère des millions de tonnes de cendres et d’aérosols, tuant près de mille personnes et plongeant une partie du globe dans une légère pénombre. La température moyenne mondiale a baissé d’environ un demi-degré pendant deux ans.
Ce nuage a aussi bouleversé les « rivières atmosphériques », ces immenses courants de vapeur d’eau qui circulent dans la haute atmosphère et régulent les pluies comme les sécheresses. Plus l’air se réchauffe, plus il retient d’humidité. Ces rivières deviennent alors plus intenses et plus dévastatrices.
Plus au sud, l’Antarctique illustre à quel point le thermostat de la terre est sensible. Sa glace fond aujourd’hui six fois plus vite qu’il y a cinquante ans. Sous cette couche glacée, le volcan Erebus veille au centre de l’île de Ross, rappelant que le continent blanc n’est pas seulement de glace, mais aussi de feu. Si ses calottes venaient à disparaître, le niveau des mers s’élèverait de cinquante-six mètres, menaçant 40% de la population mondiale vivant à moins de cent kilomètres des côtes. Les courants marins se modifieraient, le climat se réorganiserait, et un nouvel équilibre planétaire prendrait place.
Les cataclysmes sont violents et dangereux pour l’homme, mais ils révèlent aussi la vitalité de notre planète. Les volcans inspirent la crainte, mais ils ont façonné la vie et continuent de nourrir des espèces capables de s’adapter. Le documentaire Cataclysmes, les grands régulateurs montre que ces forces extrêmes ne sont pas seulement destructrices mais qu’elles témoignent aussi de la puissance et de la résilience de l’écosystème qui nous entoure.