Canicule : La mer Méditerranée n’est pas épargnée par les vagues de chaleur

 

La France vient de vivre le deuxième été le plus chaud de son histoire et une canicule marine frappe la Méditerranée depuis juillet. Les scientifiques découvrent ces derniers jours les premières conséquences sur les écosystèmes.

De très nombreuses colonies de coraux sont décimées entre 10 et 30 mètres de profondeur

La Méditerranée aussi a subi des vagues de chaleur. Depuis le mois de juillet, cette mer est en surchauffe, indique Sandrine Ruitton, biologiste et chercheuse à l’Institut Méditerranéen d’Océanologie : « on a constaté des températures marines anormalement élevées, en surface mais aussi jusqu’à 30 à 40 mètres de profondeur ». Dans le détail, la surface a atteint 30 à 31 degrés à certains endroits et 25 mètres plus bas, il a fait jusque 28 degrés, soit 4 à 6 degrés au dessus des normales. Sandrine Ruitton observe lors de ses plongées des paysages dévastés. Depuis 10 jours, les observations sont devenues critiques. « On a remarqué une mortalité en hausse chez les gorgones – une forme de corail – et les éponges. Pour la gorgone rouge, on parle d’une mortalité de 100% », précise-t-elle.

Même constat pour les gorgones du côté de Thierry Perez, directeur de recherche au CNRS et à l’Institut Méditerranéen de Biodiversité et d’Écologie Marine et Continentale . « En 25 ans de travail sur ces sujets, je n’ai jamais observé une mortalité d’une telle intensité ». Entre 10 et 30 mètres de profondeur, de très nombreuses colonies sont décimées. Les gorgones, habitat clé de la Méditerranée pour plusieurs espèces, forment une partie du paysage des fonds marins. Thierry Pérez est d’autant plus inquiet que ces forêts animales, selon le parc national des calanques, abritent 15 à 20% des espèces connues en Méditerranée. « Toute la faune abritée par cette forêt va nécessairement disparaitre ou se déplacer », affirme-t-il. Evaluer l’impact de la hausse des températures prendra du temps selon lui.

On assiste à l’arrivée d’espèces qui vivaient avant dans les eaux plus chaudes de l’Est de la Méditerranée

Au-delà de cette canicule en cours, les eaux méditerranéennes se réchauffent depuis plusieurs décennies maintenant. Ainsi, au large de nos côtes, on assiste à l’arrivée d’espèces qui vivaient avant dans les eaux plus chaudes de l’Est de la Méditerranée, comme le barracuda. D’autres espèces – dont certaines invasives – sont arrivées de la Mer Rouge en Méditerranée Orientale via le canal de Suez. Pourraient-elles arriver sur nos côtes ? « La Méditerranée orientale étant beaucoup plus chaude que nos côtes, on craint l’installation de ces espèces dans nos eaux », prévient Sandrine Ruitton. Plus de 300 espèces de Mer Rouge sont d’ores et déjà présentes en Méditerranée de l’Est : c’est le cas du poisson lapin ou de certaines méduses.

Source: Radio classique