Bretagne : Ils chassent les épaves et répertorient leurs positions sur des cartes

 

« La mer est le plus grand musée du monde », affirmait en 1928 l’archéologue Salomon Reinach. Ce n’est pas Bruno Jonin qui dira le contraire. Cela fait près de cinquante ans que ce moniteur de plongée explore les fonds marins en Bretagne. Passionné d’histoire, le plongeur originaire du Guilvinec (Finistère) est aussi un chasseur d’épaves. « J’ai envie de savoir l’histoire qu’il y a derrière ces bouts de ferrailles qui dorment au fond de l’eau, raconte-t-il. De connaître les raisons du naufrage, la mécanique de ces navires et les histoires humaines qu’il y a derrière ».

La Bretagne lui offre pour cela un formidable terrain de jeu puisque le Service hydrographique et océanographique de la Marine (Shom) a recensé plus de 1.330 épaves dans les fonds marins bretons. « C’est un véritable cimetière marin, assure Bruno Jonin. Et il en reste encore tant à découvrir. Je pense que nos arrière-arrière-petits enfants trouveront encore des épaves ».

« Rendre hommage aux marins disparus »

Notre plongeur bigouden ne fait pas qu’admirer et photographier les vieilles carcasses qui gisent au fond de la mer. Avec son collègue Eric Le Gall, installé à Lorient, il s’est aussi lancé dans un vrai travail de mémoire. Depuis plusieurs dizaines d’années, ces deux passionnés d’archéologie sous-marine éditent ainsi des cartes qui localisent les épaves et détaillent les raisons du naufrage ainsi que le bilan humain. « C’est notre façon de rendre hommage à ces marins disparus, indique Bruno Jonin. Car derrière chaque épave, il y a des drames humains ».

Passionnés d'histoire et de plongée, Eric Le Gall et Bruno Jonin éditent des cartes répertoriant les navires qui ont sombré au large de la Bretagne.
Passionnés d’histoire et de plongée, Eric Le Gall et Bruno Jonin éditent des cartes répertoriant les navires qui ont sombré au large de la Bretagne. – Eric Le Gall

Leur première carte s’est concentrée sur la zone allant de Penmarc’h à Trévignon en y englobant l’archipel des Glénan qui regorge de squelettes de bateaux. Aidés par d’autres férus de plongée, réunis au sein de la Société d’archéologie et de mémoire maritime (Samm), les deux compères en sont désormais à une quinzaine de cartes éditées, de la baie de Saint-Malo jusqu’aux côtes du Trégor en passant par l’île de Groix.

Une carte sur les épaves de la Seconde Guerre mondiale

Leur dernière réalisation s’intéresse aux 300 navires et avions qui ont sombré au large des côtes bretonnes pendant la Seconde Guerre mondiale. Comme le sous-marin nazi U767, bombardé par cinq destroyers de la Royale Navy le 18 juin 1944 près de l’île de Bréhat avec 49 hommes à son bord. Ou le Ter, un chalutier à vapeur français coulé par un avion allié le 14 mars 1944 au large de la pointe sud du Finistère.

La dernière carte s'intéresse aux navires et aux avions qui ont coulé pendant la Seconde Guerre Mondiale.
La dernière carte s’intéresse aux navires et aux avions qui ont coulé pendant la Seconde Guerre Mondiale. – DR

« On parle souvent du Débarquement en Normandie mais la bataille a aussi été très rude en mer en Bretagne », indique Bruno Jonin, fier de participer à « cet inventaire du patrimoine marin ».

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