Brahim Yacoubi Soussane, président du Cluster industrie navale du Maroc: «La stratégie pour reconstituer une flotte nationale de marine marchande forte et compétitive»

 

Dans cet entretien avec Le360, Brahim Yacoubi Soussane, administrateur et directeur général de la holding Soyapar, active dans le remorquage, le sauvetage en mer et l’agroalimentaire, et président du Cluster industrie navale du Maroc (CINM), explique les raisons qui ont motivé la création de ce groupement, ses objectifs et le rôle qu’il entend jouer dans la constitution d’une flotte nationale de marine marchande.

Le Cluster industrie navale du Maroc (CINM), premier cluster dédié à l’économie maritime, a été officiellement lancé après le discours du roi Mohammed VI du 6 novembre 2023 par des professionnels marocains de l’économie bleue. Quelles sont les raisons qui ont motivé sa création?

Le Cluster industrie navale du Maroc (CINM), dont la création a été actée en avril 2023, est une initiative collective portée par plusieurs acteurs privés des secteurs maritime, industriel et technologique. Mais on peut considérer que le discours du roi Mohammed VI appelant à la constitution d’une flotte nationale de marine marchande forte et compétitive et l’établissement d’une économie maritime, lors de la célébration du 48ème anniversaire de la Marche verte, le 6 novembre 2023, comme le véritable acte de naissance de notre organisation, puisque ce discours a tracé notre véritable feuille de route.

Peut-on connaître les principaux axes de cette feuille de route?

Nos principaux objectifs sont tout d’abord de fédérer les différents acteurs privés et publics de l’écosystème maritime, portuaire, industriel et technologique pour œuvrer au développement de l’industrie navale au Maroc, et de participer à assurer la souveraineté industrielle de notre pays afin de répondre aux besoins de sa flotte militaire, dans la pêche et de la marine marchande. Le CINM souhaite aussi encourager le développement d’une offre made in Morocco dans l’industrie navale, compétitive et à forte valeur ajoutée, pour la création d’emplois et de richesse et pour attirer des investissements directs étrangers.

Qui sont les membres fondateurs du CINM ?

Les membres fondateurs du cluster sont des professionnels du secteur maritime, en l’occurrence des armateurs de commerce, de pêche et de servitude, des opérateurs de l’industrie de la réparation et la construction navales, des fournisseurs de matériels maritimes, des experts et des organismes de formation. Nous continuons de recevoir de nouvelles demandes d’adhésion de la part de professionnels de différentes régions du Royaume, du nord au sud. Le CINM a pour ambition de fédérer l’ensemble de l’écosystème de l’industrie navale au Maroc, public et privé.

En tant qu’expert du secteur, quelle est, selon vous, la stratégie à mettre sur pied pour reconstituer une flotte nationale de marine marchande forte et compétitive et établir une véritable économie maritime? Et comment votre cluster compte-t-il y participer?

La constitution d’une flotte de marine marchande forte et compétitive et l’établissement d’une économie maritime nécessitent, de notre point de vue, de disposer d’une véritable industrie du transport maritime. Nous avons déjà une infrastructure portuaire de classe mondiale, mais il nous faut la compléter par un écosystème fort dans l’industrie navale, une administration maritime forte, une nouvelle législation maritime, un système de formation maritime de haut niveau, etc. Nous sommes convaincus que notre pays dispose aujourd’hui des ressources nécessaires pour avoir cette ambition maritime. Tanger Med en est la plus grande illustration et notre cluster est prêt à participer à cet effort collectif.

Justement, le Maroc dispose de nombreux atouts dans le secteur de l’économie maritime, notamment à travers le port Tanger Med et les futurs complexes portuaires comme Nador West Med et Dakhla Atlantique. Comment pourrait-on développer une offre made in Morocco dans l’industrie navale pour attirer davantage d’investissements étrangers ?

Nous ne pouvons que nous féliciter de ces projets portuaires qui représentent l’incarnation de la vision maritime de Sa Majesté. Il est évident que le Maroc a changé d’ambition, car nous ne construisons plus de simples ports, mais des écosystèmes portuaires et industriels. À ce titre, on ne peut que se réjouir qu’au niveau du port de Dakhla Atlantique, une zone industrielle dédiée à l’industrie navale a déjà été prévue et qu’au niveau de Nador West Med, des possibilités existent encore pour cette activité.

Il faudrait également féliciter l’Agence nationale des ports (ANP) pour ce qui existe déjà dans les différents ports marocains, notamment la mise en place du chantier naval à Casablanca qui constitue un grand acquis pour notre activité. Grâce à l’expérience réussie du Royaume dans les industries automobile et aéronautique, nous disposons de l’expertise nécessaire pour développer une offre Maroc dans l’industrie de la réparation et la construction navales attractive et compétitive. Le CINM a l’ambition d’apporter une contribution significative dans ce domaine, et nous espérons que dans les mois à venir, nous pourrons participer à des initiatives concrètes sur ce sujet.

Source: Le 360