Bientôt la fin de la baleine franche d’Atlantique Nord ?

 

Avec une population en déclin et un taux de mortalité bien plus élevé que le nombre de naissances annuel, la baleine franche d’Atlantique nord pourrait bientôt disparaître à cause des activités humaines… Après le cas d’un nouveau décès sur l’île de Martha’s Vineyar (Etats-Unis), la Fondation 30 Millions d’Amis s’alarme d’une possible disparition de l’espèce.

Les dernières données sonnent comme un coup de semonce : il resterait environ 350 baleines franches d’Atlantique Nord dans l’océan Atlantique. Cette estimation du North Atlantic Right Whale Consortium (NARWC) alerte sur le déclin démographique de l’espèce. Car si l’on remonte dans le temps, avant les premières pratiques de chasse à la baleine dans l’Histoire, l’Atlantique comptait environ 20 000 individus. Les quelques survivantes ne nageraient plus que sur le littoral Atlantique nord-américain à ce jour, sans pour autant parvenir à croître les effectifs. Depuis 2020, l’espèce classée « en danger critique d’extinction » par l’Union internationale de la conservation de la nature (UICN). Elle est également protégée par la Convention internationale pour la réglementation de la chasse à la baleine depuis 1930.

 

Une lente reproduction

 

Cette difficulté à revoir le nombre d’individus repartir à la hausse relève d’un taux de natalité insuffisant pour sa conservation. Les baleines franches d’Atlantiques Nord se reproduisent moins, avec une moyenne de 10 naissances par an entre 2012 et 2019, « contre 24 par an entre 2004 et 2011 » indique la liste rouge de l’UICN. Pourtant, l’espèce semblait sur une bonne lancée depuis les années 1990. « Une augmentation a été observée jusqu’en 2011 avec un pic de 480 baleines… pour redescendre ensuite », explique Karine Demure, membre de Sea Shepard, jointe par 30millionsdamis.fr.

Le stress des baleines face à aux activités humaines freine leurs capacités de reproduction. Par conséquent, « il y a eu des changements biologiques importants, ce qui a causé des intervalles entre les naissances », affirme l’activiste. Selon elle, les périodes de mise à bas se sont largement espacées, passant d’une grossesse tous les trois ans environ, à « six à dix ans aujourd’hui ». Plus inquiétant : à en croire les dernières estimations de l’UICN, il ne resterait que 200 à 250 individus matures à l’état sauvage, dont moins de 70 femelles actives à la reproduction. « Si nous n’arrivons pas à les protéger, on se dirige droit vers l’extinction », alerte K. Demure.

 

Collisions et surpêche

 

Si la chasse à la baleine est désormais interdite – hormis en Norvège, en Islande et au Japon –  d’autres menaces ont fait surface. « Elles sont surtout des victimes collatérales de la pêche et les collisions avec les navires sont problématiques, résume Karine Demure. L’enchevêtrement dans les engins et filets de pêche est bien trop fréquent. Sans compter que 80 % d’entre elles gardent les traces de ces filets.» Ces captures accidentelles provoquent aux baleines franches d’Atlantique Nord une perte d’énergie. « Il devient alors plus difficile pour elles de se nourrir et se reproduire », ajoute la spécialiste. Et pour ne rien arranger, le changement climatique ainsi que la pollution plastique et sonore viennent aussi perturber leur environnement.

Pour limiter les décès et les cas de blessures, les Etats-Unis et le Canada ont mis en œuvre plusieurs dispositifs de protection. À titre d’exemple, un système de signalement pour les navires aux Etats-Unis en 1999 et des restrictions de vitesse dans les eaux américaines en 2008 visent à « réduire les collisions accidentelles ». De son côté, le Canada a officialisé la fermeture temporaire de zones de pêche en 2022. Mais ces mesures ont été jugées inefficaces face aux enchevêtrements, selon les observations de l’UICN. « La mise en œuvre est visiblement insuffisante, puisque la population continue de chuter drastiquement, insiste Karine Demure. Si l’on veut sauver nos océans, il faut repenser la pêche. »

 

Une baleine franche d’Atlantique Nord retrouvée morte aux Etats-Unis

 

Le 31 janvier 2024, le National Oceanic and Atmospheric Administration (NOAA) a annoncé avoir retrouvé la carcasse d’une baleine noire de l’Atlantique Nord sur l’île de Martha’s Vineyard (Massachusetts, Etats-Unis). Une nécropsie effectuée par des experts a confirmé la mort de l’animal à la suite d’un enchevêtrement chronique « avec une corde profondément enfoncée dans la queue et un corps mince ». D’autres analyses sont en cours.

Selon l’organisme, il s’agissait d’une femelle, et probablement d’une juvénile d’après la taille du corps. « L’avenir de cette espèce en danger critique d’extinction dépend de la santé des femelles reproductrices et la perte d’une future mère est dévastatrice », a réagi Kathleen Collins, directrice de campagne principale d’IFAW, dans un communiqué (en anglais). Afin de sauver l’espèce de l’extinction, les ONG Sea Shepard et IFAW réclament des décisions et des actions d’ordre politique. « Les conséquences de l’inaction sont permanentes. L’extinction est pour toujours », a déclaré K. Collins.

Source: 30 millions d’amis