Aux Seychelles, les hôtels de luxe mettent les touristes à contribution pour sauver les coraux
10 juillet 2025
10 juillet 2025
Organisation de conservation, de restauration et d’éducation au monde marin, WiseOceans propose différentes activités ludiques et pédagogiques à la clientèle fortunée d’hôtels partenaires.
A l’instar de la plupart des régions tropicales du monde, les récifs coralliens seychellois sont gravement affectés par des épisodes de blanchissement massif, de plus en plus fréquents, dus en majeure partie au réchauffement des océans. Le phénomène se produit lorsque la zooxanthelle, la microalgue avec qui le corail vit en symbiose et qui lui donne sa couleur, disparaît.
Depuis 1998, date du premier et du pire épisode de blanchissement, les scientifiques estiment que plus de 80% des coraux ont disparu dans certaines régions de l’archipel.
« A cause de l’augmentation de la température de la mer, le corail stresse, enlève l’algue de ses tissus parce qu’elle va produire trop de produits toxiques pour lui. Le corail devient alors blanc. L’animal n’est pas encore mort, il est encore vivant, mais n’a plus de nourriture », explique Fantine Soulat, lors d’un atelier avec deux couples de touristes français. Cette biologiste marine travaille pour WiseOceans en étant basée à l’année dans un hôtel cinq étoiles de Baie Lazare, sur l’île de Mahé.
Si le stress du corail blanchi diminue, il peut récupérer et reprendre de ses couleurs. C’est là tout l’enjeu des ateliers pour les touristes organisés par WiseOceans: le réintroduire dans un environnement protégé, une nurserie dans le lagon, le faire grandir, puis le transplanter sur un récif, neuf mois après.
La clientèle qui participe aux ateliers est ravie. Les hôtels seychellois l’ont bien perçu. Selon Oliver Kuhn, directeur du Kempinski Seychelles Resort où travaille Fantine Soulat, ce positionnement « éco-luxe » répond à une demande: « De nos jours, notre clientèle recherche davantage d’expériences. Celle-ci est fantastique, car ils peuvent apprendre, pratiquer et voir les choses sur un même site », déclare-t-il. « Chez nous, les clients séjournent parfois jusqu’à trois ou quatre semaines. Nous devons avoir beaucoup d’activités pour les divertir: restauration de coraux, programme d’adoption de coraux, visite guidée en masque et tuba sur la barrière de corail », développe-t-il.
Ces initiatives mêlant tourisme et sensibilisation rencontrent un écho croissant dans l’archipel. Mais si ces actions ont le mérite de faire parler du corail, elles ne sont hélas qu’un « pansement », admet Fantine Soulat, et ne peuvent, à elles seules, freiner le déclin massif des récifs.