Au sommet sur les océans, la science veut occuper une place de premier plan
23 mai 2025
23 mai 2025
La troisième conférence des Nations Unies sur les océans (Unoc) se prépare. Elle aura lieu à Nice (Alpes-Maritimes) du 9 au 13 juin 2025. Parmi les sujets de premier plan pour mieux protéger les surfaces marines du globe, l’intégration des sciences dans l’élaboration des politiques publiques et leur diffusion auprès du grand public. Plusieurs initiatives en ce sens seront présentées.
Les enjeux autour des océans sont majeurs. Les surfaces maritimes sont un véritable régulateur du climat, des havres de biodiversité mais sont également des lieux de pollution…
Les politiques publiques sur le sujet sont donc primordiales dans les années à venir pour parvenir à lutter efficacement contre le changement climatique ou préserver la biodiversité. Mais pour les construire encore faut-il connaître les enjeux ou les solutions. Et les scientifiques veulent désormais mieux assumer leur rôle d’aiguillon, encouragés par Olivier Poivre d’Arvor, ambassadeur pour les pôles et les océans, et envoyé spécial pour l’Unoc 2025 : « L’océan ne se gouverne pas avec des opinions mais avec des données. » Plusieurs initiatives en ce sens seront présentées.
Pour mieux guider les États dans l’atteinte de leurs objectifs en matière de préservation de l’océan et de l’environnement, l’International Platform for Ocean Sustainability (Ipos) sera lancée officiellement au moment du sommet de Nice (Alpes-Maritimes) mais ne prendra sa première « question » qu’en septembre 2025 pour des premiers résultats attendus en fin d’année. Le principe est d’être un outil offrant des réponses concrètes pour les États du monde entier. « L’océan va mal et les États se sont engagés à le protéger, mais pour avoir une capacité d’action, ils ont besoin d’accéder au savoir », détaille Maxime de Lisle, coordinateur de l’initiative.
En pratique, un État soumettra une requête à l’Ipos. La communauté scientifique se penchera sur celle-ci et pourra fournir en quelques semaines un état des lieux des connaissances sur le sujet. Et, en un an, des recommandations sur les actions à mener.
Déjà annoncé lors du One Ocean Summit à Brest (Finistère) en 2022, le jumeau numérique de l’océan fera un pas supplémentaire lors de l’Unoc. Un prototype sera en effet dévoilé lors de l’événement. Objectif du projet ? Suivre en temps réel ce qui se passe sur, dans et sous les mers afin de mieux prédire les risques climatiques et ce, avec une précision inégalée jusqu’alors. La Terre possède déjà des jumelles numériques rendues possibles grâce aux outils d’intelligence artificielle. Demain, l’océan aura également le sien.
Un autre projet verra le jour à la faveur de la conférence internationale. Baptisée Space4Ocean Alliance, cette alliance vise cette fois à faire le lien entre la recherche spatiale et maritime, comme l’explique Selma Cherchali, responsable du projet au Centre national d’études spatiales (Cnes). « Nous avons pour objectif de combler les lacunes en matière d’observation spatiale et de faire de la science pour l’action de demain. » Mettre les outils d’observation spatiale au service d’une meilleure compréhension des fonctionnements océaniques, et ainsi contribuer à la mise en place de politiques adaptées à la préservation de l’océan : l’ambition est de renforcer des stratégies qui existent déjà et de leur donner une envergure internationale.
Autre projet qui s’adresse cette fois aux journalistes et autres citoyens : le baromètre Starfish. L’outil serait publié une fois par an, le 8 juin, la Journée mondiale pour l’océan, pour suivre les dernières découvertes en matière de sciences océaniques. Parmi la vingtaine de sujets qui seraient abordés chaque année, la question des émissions de CO2 du transport maritime, le pourcentage des stocks de poissons surexploités ou encore les coûts liés aux tempêtes et autres inondations.
Enfin, les universités ont annoncé des collaborations renforcées qui se concrétiseront le 7 juin avec l’organisation, en marge de l’Unoc, du premier forum international des universités marines. Un événement qui a lieu dans un moment où la science nord-américaine fait face à des attaques de son propre gouvernement. Les États-Unis n’ont par ailleurs toujours pas confirmé leur participation à ce grand raout international.