« Au Gabon, des champions contribuent au quotidien à la lutte contre le changement climatique » (Banque mondiale)

 

Cet article a été publié ce jeudi 1er septembre 2022 sur le site de la Banque mondiale (disponible sur ce lien) à l’occasion de la Semaine africaine pour le climat qui se déroule actuellement à Libreville. 

LES POINTS MARQUANTS

  • Le Gabon est l’une des rares nations au monde dont l’économie affiche déjà un bilan carbone négatif. Le pays accueille actuellement la Semaine africaine du climat 2022
  • Pour les Gabonais, une économie verte et durable doit permettre avant tout d’améliorer leur niveau de vie tout en préservant la biodiversité et les services écosystémiques générés par le bassin du Congo
  • La protection des zones humides d’importance internationale est devenue une priorité ainsi que la création de 13 parcs nationaux qui a aidé le pays à maintenir sa couverture forestière

Libreville, GABON, 1er Septembre 2022 – Une jeune femme décharge de son bateau des caisses de poissons fraîchement pêchés dans le fleuve Ogooué, sur le quai situé tout proche du marché au poisson de Lambaréné, au Gabon. Marilou Ossawa est présidente d’une coopérative de vendeurs de poisson fumé, et l’une des championnes locales qui aident à sensibiliser les habitants aux pratiques de pêches éco-responsables et sur l’importance de la préservation du capital naturel du pays pour assurer les moyens de subsistance des communautés.« Depuis ma plus tendre enfance, j’ai toujours aimé la nature. C’est la raison pour laquelle je me suis engagée dans la sensibilisation à la conservation et aux bonnes pratiques en matière de pêche, » explique-t-elle fièrement.

« Les gens vont soit pêcher soit couper du bois et c’est ainsi que nous détruisons nos forêts et que nous épuisons nos réserves de poissons. Le message que j’aimerais partager est qu’il est absolument essentiel d’aider chacun à mieux comprendre la nécessité de protéger notre environnement. Car au quotidien, les gens ont du mal à gagner leur vie. Notre meilleure défense consiste à lutter contre le changement climatique. »

Au cours des dernières années, le Gabon est devenu un champion de la protection de l’environnement : le pays sensibilise la population aux questions climatiques et a défini une vision pour un Gabon vert et bleu. Pour les habitants, le développement d’une économie verte et durable concerne aussi bien l’amélioration de leurs moyens de subsistance que la préservation de la biodiversité et des services écosystémiques générés par le bassin du Congo.

Pour Marilou comme pour de nombreux autres membres de la communauté, l’adoption de pratiques de pêche durables et l’amplification des efforts de préservation ont eu un fort impact sur la communauté et ont permis de transformer la vie des habitants de la région. À travers le projet d’Appui à la gestion durable des écosystèmes des zones humides critique (PAZH) financé par la Banque mondiale et d’autres initiatives, les communautés de la région de Lambaréné ont désormais compris l’importance de la préservation des services écosystémiques et leur impact sur leurs moyens de subsistance et leur avenir.

Les pêcheurs n’ont plus le droit d’utiliser de filets monofilament ou d’autres techniques de pêche non-durables. Certaines zones ont même été interdites à la pêche. Une initiative qui a permis de renforcer le stock de poissons. Pour Marilou et les autres membres de sa coopérative, cela signifie qu’ils ont pu pêcher de plus gros poissons et ainsi accroître leurs revenus.

« De nombreux habitants de la région sont impliqués dans les activités de pêche, ce qui contribue évidemment à la forte baisse des prises. C’est pourquoi il était nécessaire de déployer tous nos efforts pour promouvoir une pêche durable, » explique en souriant Marilou Ossawa.
 

Abritant une partie de la forêt tropicale du bassin du Congo, connue comme “le poumon de l’Afrique”, le Gabon est doté d’une biodiversité exceptionnelle. Ses forêts profondes et ses zones humides contribuent à la subsistance de milliers de Gabonais, et la pêche constitue l’une des principales activités de subsistance. Le pays est l’une des rares nations au monde dont l’économie affiche déjà un bilan carbone négatif.

La couverture forestière de ce pays d’Afrique centrale représente 88 % de son territoire : elle absorbe chaque année l’équivalent du tiers des émissions dégagées par la France sur la même période. La création de 13 parcs nationaux – couvrant près de 11 % du territoire national – a permis de maintenir la couverture forestière du pays. Le Gabon est devenu l’un des principaux défenseurs et l’un des chefs de file dans la lutte contre le changement climatique. Le pays accueille actuellement la Semaine africaine du climat.

Dans ces efforts, la Banque mondiale s’est engagée à soutenir le pays dans le développement de son économie bleue et verte – notamment en appuyant le gouvernement à identifier de nouvelles voies pour une croissance durable et résiliente à travers une série d’études.

Une descente en bateau le long du fleuve Ogooué révèle au voyageur le dense réseau de mangrove, les bouquets de papyrus, la profondeur de la forêt marécageuse bordée par la frondaison de majestueux fromagers, un paysage époustouflant. L’écosystème de la région du Bas-Ogooué a d’ailleurs été inscrit en 2009 au patrimoine mondial des zones humides d’importance internationale, en tant que site protégé par la Convention de Ramsar.

Guy Philips Sounguet, le responsable des éco-gardes qui gère ce site Ramsar, témoigne : « Il est essentiel de préserver les zones humides, la richesse de leurs eaux et de leur biodiversité, notamment des papyrus, qui jouent un rôle important dans la séquestration du carbone. Le changement est visible depuis que nous avons commencé le suivi et la sensibilisation. Nous nous sommes rendu compte que de nombreuses pratiques, notamment de pêche sportive ou même certaines méthodes et techniques de pêche, étaient en fait interdites. »

Cette lutte contre le changement climatique va nécessiter un soutien continu du gouvernement et du secteur privé, ainsi que de champions communautaires comme Marilou et Guy Philips. Cette semaine africaine du climat est l’occasion de discuter de la manière dont les vastes ressources bleues et vertes du pays peuvent être davantage exploitées pour générer des richesses pour le Gabon.