Asie du sud-est : les atolls et îles artificielles de la discorde
6 décembre 2024
6 décembre 2024
En mer de Chine méridionale, plusieurs pays se disputent des territoires marins pour la plupart créés artificiellement. Parmi ces pays, nous retrouvons le Vietnam, les Philippines, la Malaisie et Taïwan. La Chine a d’ores et déjà affirmé sa domination dans la région et aménagé de nombreuses îles habitables. Toutefois, ses voisins semblent avoir suivi l’exemple.
Sur Terre, nombreuses sont les zones très sensibles sur le plan géostratégique. Toutefois, certaines sont assez méconnues. Depuis une quinzaine d’années environ, deux archipels font l’objet d’importants désaccords qui impliquent au moins six pays en mer de Chine méridionale. Il s’agit des îles Paracels et des îles Spratleys, plus au sud.
À l’origine, ces archipels sont des récifs coralliens inhabités avec des îles et des atolls qui se comptent par dizaines pour un total d’environ 1 500 km de côtes. Or, depuis le depuis des années 2010, la Chine lance des expéditions et aménage la moindre petite terre émergée. L’objectif ? En faire des îles habitables, la plupart du temps afin d’y installer des avant-postes ou bases militaires. Une ville est d’ailleurs sortie de Terre : Sansha. En quelques années, la Chine a imposé sa domination dans la région malgré les revendications de pays voisins tels que le Vietnam, les Philippines, la Malaisie, Taïwan ou encore le sultanat du Brunei.
Comme l’explique Forbes dans un article du 22 novembre 2024, ces pays semblent avoir pris exemple sur la Chine en aménageant environ 70 îles, également équipées militairement. Par exemple, le Vietnam et la Malaisie occupent respectivement vingt et un et cinq lieux dans les îles des Spratleys, ce qui n’était pas encore le cas il n’y a pas si longtemps.
Mais pourquoi tous ces pays placent-ils tant d’efforts dans la conquête et l’aménagement de ces archipels ? En 2012, un dossier publié par le Centre d’Études Supérieures de la Marine (CESM) à Paris donnait déjà à l’époque un aperçu de la situation. En réalité, les pays en question, Chine en tête, ont pour ambition d’étendre leur Zone économique exclusive (ZEE). Selon la législation internationale en vigueur, les ZEE sont des espaces maritimes sur lesquels des états côtiers exercent des droits à la fois souverains et économiques sur une distance de plus de 370 km en ligne de base depuis le littoral.
Cette notion de ZEE implique évidemment l’exploitation des ressources naturelles. En 2012, la Chine possédait seulement 880 000 km² de ZEE, mais comprenait déjà l’intérêt de s’emparer des 3,5 millions de km² que peuvent offrir les Îles Paracels et les îles Spratleys. Outre la possibilité d’exploiter les fonds marins, il s’agit ici également de domination maritime et, dans le cas de la Chine, de rattraper certaines autres puissances mondiales. Rappelons tout de même que les ZEE de certains pays dépassent de loin celles de la Chine par exemple les États-Unis (12 millions de km²), la France (11 millions) ou encore le Japon (4,4 millions).
Au début des explorations chinoises, l’objectif principal était tout trouvé : étendre ses droits en matière de ressources halieutiques (poisson). Peu après, des réserves de pétroles ont été découvertes. Toutefois, la Chine perturbe aujourd’hui ces activités en contrôlant largement la zone, notamment avec une vingtaine d’aménagements sur les îles Paracels, une zone que traversent d’importantes voies de navigation. La situation semble donc de plus en plus tendue, d’autant plus avec le retour au pouvoir récent de Donald Trump aux États-Unis, un allié des Philippines et de Taïwan, le petit voisin résistant de la Chine.