Aquaculture, la production dépassera la pêche traditionnelle d’ici 2027

 

L’aquaculture, la production dépassera la pêche traditionnelle d’ici 2027 en Algérie. Le projet pilote de la ferme aquacole à Tlemcen permettra de réduire les importations.

Dans un contexte de relance stratégique du secteur halieutique, la wilaya d’Alger franchit de nouveaux caps. Grâce à l’intégration de navires construits localement, le développement de l’aquaculture, notamment avec les premières expériences d’élevage de thon rouge, et à une volonté affirmée de renforcer la production nationale, le secteur de la pêche commence à donner des signaux positifs. Le directeur de la pêche et des produc­tions halieutiques d’Alger, Kadour Attef, revient sur les avancées concrètes, les défis enco­re à relever et les perspectives à court et moyen termes, dans une démarche où se croisent souveraineté écono­mique, innovation industrielle et ambi­tion maritime.

 

39 navires conçus pour la pêche au thon

 

Selon Attef , «l’entrée officielle des 2 premiers navires de 42 mètres construits entièrement par des compé­tences algériennes est une avancée pour le sec­teur et la flotte nationale de pêche». Il s’agit, dit-il, «des premières unités de cette taille, dont l’une est spécialement conçue pour la pêche au thon. Fabriqués à partir de fibres de verre et de résine, ces navires constituent une avancée significative et une fierté pour l’industrie navale nationale».

Avec ces 2 navires, l’Algérie compte désormais 39 navires conçus pour la pêche au thon, dont 3 ont été construits loca­lement. «En 2023, la part de l’Algérie dans le quota international de thon rouge était de 2.024 tonnes. Pour l’année en cours, une augmentation de 24 tonnes a porté le quota national à 2.047 tonnes», fait-il savoir.

Aussi, l’un des navires récemment inaugurés baptisé Z’malet El Emir Abdelkader, plus grand bateau de pêche profes­sionnel du pays de type thonier senneur de fabri­cation algérienne, soutiendra la 1e ferme aquacole dédiée à l’élevage du thon rouge dans la wilaya de Tlemcen. Objectif: capturer du thon vivant, l’élever localement, puis le vendre vivant, conformément aux exigences internatio­nales.

 

Le projet pilote de la 1e ferme aquacole «marque un début prometteur»

 

«Jusqu’à présent, l’Algérie exportait ses prises vers des fermes aquacoles étrangères, notamment en Tunisie et en Turquie», déplore Attef. «Bien que la ferme de Tlemcen ne suffise pas à elle seule, ce projet pilote marque un début prometteur», indique le responsable. Et d’ajouter que l’Algérie ambitionne de créer de nouvelles fermes d’élevage dans la région d’Alger.

D’ailleurs, la direction de la Pêche et des Produc­tions halieutiques de la wilaya lance un appel à tous les investisseurs intéressés à présenter leurs projets dans ce sens. «Ils trouveront toutes les facilités et les conditions nécessaires à la concrétisation de leurs fermes dédiées à cette activité», soutient son responsable.

«La wilaya dispose actuellement de deux fermes aquacoles qui passeront chacune à 24 cages flottantes d’ici fin 2026, pour un total de 48 cages», précise-t-il. Selon les prévisions de la direction, la produc­tion issue de l’aquaculture dépassera celle de la pêche traditionnelle d’ici décembre 2027, si le rythme de développement se maintient.

 

Nécessité de passer à la pêche en haute mer

 

«Le nombre de fermes devrait également croître, de nombreuses demandes d’investisse ment ayant déjà été déposées», indique Attef, soulignant que «l’objectif est de valoriser les zones maritimes de l’est et de l’ouest d’Alger». Une dynamique qui devrait, selon lui, «réduire la dépendance du pays vis-à-vis des importations et optimiser l’exploitation des res­sources halieutiques locales».

Dans ce contexte de renforcement de la filière, la part attribuée à la wilaya d’Alger dans le quota de thon rouge s’élève à environ 193 tonnes que nous comptons exploiter pleinement. Sur le plan industriel, esti­me Attef, «cette orientation stratégique vise à structurer durablement le secteur maritime car notre ambition est avant tout d’atteindre l’auto-suffisance dans la construction navale et de redonner à ce secteur ses lettres de noblesse».

Pour lui, «il y a une nécessité pour soutenir les constructeurs navals, afin de relan­cer l’activité, notamment pour la pêche hauturière». Il faut savoir, ajoute-t-il, que «lorsque la demande existe, l’industrie suit. Une structura­tion du marché national permettrait de relancer les chantiers navals et d’orienter l’investissement national vers ce domaine. L’Algérie dispo­se d’une main-d’œuvre qualifiée capable de répondre à cette ambition». Le secteur a aussi, fait-il savoir, bénéficié de la dernière mesure qui «autorise les professionnels du secteur à impor­ter des navires de plus de 24 mètres âgés de moins de cinq ans, afin de répondre à la deman­de croissante du marché».

Source : Horizons